Savonnières en Perthois (55)
Après 2h30 de route, le village de Savonnières en Perthois est enfin en vue. Le gouffre de la Sonnette s’ouvre dans les anciennes carrières souterraines d’où était extraites des pierres de calcaire utilisées pour la construction de bâtiments. Le creusement des galeries a mis à jour plusieurs réseaux souterrains naturels qui ne possèdent pas d’entrée en surface. Le gouffre de la Sonnette est l’un de ces réseaux. C’est le plus profond des carrières, avec ses 85 m de profondeur.
Le village est désert, comme souvent. Près du cimetière, 2 voitures sont garées et j’aperçois un sac spéléo. Aïe, il risque d’y avoir du monde dans le gouffre. Mais peut-être vont-ils dans une autre cavité. On verra bien.
Accès au gouffre de la Sonnette
Pour accéder aux carrières, il faut prendre l’entrée du Champ au Vin, au nord du village.
Mais d’abord trouver un endroit où se garer.
Impossible près de la ferme qui est à proximité de l’entrée. Finalement, c’est au stade que ce sera le mieux. Il faudra marcher un peu, mais après 2 heures et demie de route ça fera plutôt du bien.
Le temps est plutôt frais mais il ne pleut pas. Il y a même un peu de soleil. Mais avec ce qu’il a plu ces derniers temps, il risque d’y avoir pas mal d’eau sous terre.
Une petite collation avant de descendre, et il faut ensuite s’équiper. Bien pratique le Kyros pour se préparer au chaud.
12h50 : tout est prêt et c’est parti. En fait, la marche jusqu’à l’entrée du Champ au Vin ne prendra que 10 minutes. On arrive devant la porte fermée. A gauche, une ouverture permet d’entrer directement et de se retrouver derrière la porte.
Le bruit des pas se répercute sur la voûte de la galerie et contre les parois. Après quelques minutes, une lueur apparaît au loin. C’est le puits de Cayenne qui débouche à la surface. La lumière du jour éclaire le petit “lac” qui s’est formé au pied du puits. Ça coule bien aujourd’hui, mais ce n’est quand même pas très profond : 15 à 20 cm tout au plus.
La suite est vers la droite. Une vingtaine de mètres plus loin, on rejoint une galerie plus importante, et il suffit de suivre les indications “Bz” dans le sens inverse, puis les pictogrammes représentant une sonnette.
Bientôt un bruit d’eau se fait entendre : c’est le ruisseau qui tombe dans l’abîme de Savonnières, qui avait initialement une profondeur de 90m avant que les carriers le comblent quasiment. Il n’y a plus, maintenant, qu’une verticale d’une dizaine de mètres. Le ruisseau de la Sonnette s’y jette et le bruit de la chute d’eau s’entend de loin.
On approche de la Sonnette, et un véritable lac, alimenté par un petit ruisseau qui débouche du plafond, s’étale devant l’entrée de la cavité…. Ça va bien mouiller dans le grand puits… On voit quand même qu’il y a eu encore plus d’eau, il y a peu de temps, mais le filet d’eau qui s’écoule dans le puits est bien suffisant pour se faire complètement tremper lors de la remontée.
15 minutes pour arriver ici, depuis l’entrée des carrières.
Descente bien arrosée
Je ne vois aucune corde au départ du gouffre, donc ceux qui sont garés près du cimetière sont dans une autre cavité. Très bien… sinon il aurait pu y avoir de l’attente à certains passages, et comme c’est bien mouillé, il aurait fait bien froid…
Je sors la corde du premier sac. Un nœud sur la barre métallique scellée entre les 2 parois de l’entrée, et je peux mettre le descendeur pour équiper la suite. Plusieurs broches intermédiaires avant d’arriver au départ, pas très large, des 30m du grand puits. Une sangle d’amarrage sur une barre scellée et une autre sur le gros rail posé en travers du méandre, à l’aplomb de la verticale. J’accroche le 2ème sac sur mon harnais, et la descente peut commencer.
Quelques mètres après le départ, le puits apparaît dans toute sa grandeur. Il est toujours aussi magnifique. Mais je le préférais avec l’éclairage à acétylène qui diffusait une lumière plus chaude et moins intense que la LED de la Scurion. Il était plus impressionnant car on distinguait à peine l’autre paroi du puits , créant ainsi une ambiance mystérieuse d’ombres mouvantes qui “glissaient” au fur et à mesure de la descente.
La corde était sèche et le descendeur est brûlant en arrivant en bas du puits, pourtant bien arrosé.
Je remballe le trop-plein de corde et attache le bout dans une broche, avant de continuer par un éboulis jusqu’à la verticale suivante : un ressaut de 4m qu’il faut équiper d’une corde. Main courante avec départ sur 2 broches et amarrage en Y pour descendre cette verticale au départ un peu serré.
Un petit morceau de méandre, ensuite, avant d’arriver au départ du puits suivant : P12 m ou puits de la Douche qui porte bien son nom aujourd’hui car je suis bien arrosé, le temps de fixer la corde dans les broches de départ de la main courante. Il faut avancer en opposition au-dessus du vide pour aller poser une sangle, sur une barre métallique scellée entre les parois, qui servira de point d’accroche principal.
Voilà, l’amarrage de départ du puits est installé. Je mets le descendeur et entame la descente en me faufilant entre les parois un peu resserrées sur quelques mètres. Le puits s’élargit ensuite et je descends la quasi-totalité sans être sous le filet d’eau.
Petit cran de 2 mètres en bas du Puits de la douche, et j’installe une main courante pour aller équiper le puits suivant qui doit faire 8 mètres de profondeur. Amarrage en Y au départ et je suis vite en bas.
Il reste un éboulis bien pentu à dévaler et un dernier petit ressaut de 2 mètres, pour lequel il faut remettre 2 amarrages, sans quoi la corde frotte contre la roche en haut du puits de 8m.
Je suis entré dans le gouffre il y a à peine une heure et je vais faire une petite pause casse-croûte avant d’attaquer la remontée.
Je ne vais pas m’arrêter très longtemps car je suis bien mouillé et il va vite faire froid car je n’ai qu’une fine sous-combinaison.
Eau froide à tous les étages de la remontée
La montée se fait tranquillement, le plus long étant de défaire les amarrages et remballer la corde.
Le dernier puits est là, et faudra un peu plus de temps pour remonter les 30 mètres, bien arrosés.
Je sors du gouffre 1h15 après être reparti du fond, et j’aperçois des lumières dans une galerie, un peu plus loin. C’est “Bubu”, un membre de l’USAN qui accompagne un groupe pour faire visiter une partie des carrières. En fait, ce sont leurs voitures qui sont garées près du cimetière.
Après avoir répondu aux questions que se posent inévitablement les personnes qui voient l’entrée du gouffre et un spéléo trempé qui en sort, je prends de chemin de la sortie.
Il fait encore bien jour quand je quitte les carrières. Le ciel est entièrement dégagé, mais un petit vent frisquet refroidit bien, surtout lorsqu’on est trempé…
Je prends quand même le temps de sortir le matériel des sacs et de le ranger avant de faire un bon café et reprendre la RN 4 vers l’est.
Au final, 5 heures de route pour 2h30 de spéléo… Mais ça fait du bien, et c’est ça l’essentiel…