Gouffre de la Sonnette

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Savonnières en Perthois (55)

carrières de Savonnières en Perthois
Plan d’accès aux cavités dans les carrières de Savonnières en Perthois
Topographie du réseau de la Sonnette
Puits des Grands Cercles dans le gouffre la Sonnette

Gouffre de la Sonnette

Savonnières-en-Perthois (55)

Vendredi 5 janvier 2024, Savonnières en Perthois, dans la Meuse. Après 190 km de route, nous sommes garés sur le petit parking bétonné situé près de l’entrée du Pâquis, à partir de laquelle nous allons accéder à l’intérieur des carrières souterraines.

Depuis la dernière fois où nous étions venus ici, une barrière a été placée au début du chemin d’accès. Pour pouvoir passer il faut ouvrir un cadenas à numéro (le numéro est identique à celui qui verrouille la porte d’entrée du Pâquis)

Bien qu’il ne fasse pas très froid (4 ou 5° peut-être) et qu’il ne pleuve pas, nous apprécions de pouvoir nous préparer au chaud, dans le camping-car (quel luxe !).

  • Accès au gouffre par l’entrée du Pâquis

Nous décollons vers 10h45. Bella restera au chaud, sous la couette, pendant nous irons nous tremper dans le gouffre. Il est certain qu’il doit y avoir beaucoup d’eau sous terre avec tout ce qu’il a plu ces dernières semaines.

On ouvre le cadenas de la grande porte métallique, pour le refermer une fois à l’intérieur. Les cheminements pour accéder aux différentes cavités situées dans les carrières sont discrètement balisés avec des petits triangles réfléchissants de différentes couleurs. Après quelques hésitations, nous décidons de suivre les triangles verts qui nous guiderons jusqu’au gouffre de la Sonnette.

On passe à l’aplomb du puits de Cayenne, qui dégouline bien aujourd’hui, et après une vingtaine de minutes de marche, depuis l’entrée, on entend le ruisseau qui se jette dans l’abîme de Savonnières. Un petit lac s’est formé en bas de la cascade d’une dizaine de mètres. L’entrée de la Sonnette est juste après. Une grande étendue d’eau s’étale devant l’accès principal au gouffre. On grimpe un talus et il faut avancer courbé pour arriver à l’entrée n°2 que nous emprunterons aujourd’hui.

Il est 11h45 quand on atteint le départ du gouffre. (en principe, il faut compter 20 minutes de marche d’approche depuis l’entrée des carrières).

  • dès le début, l’eau nous accompagne

Après la petite salle d’entrée, il faut se baisser pour attaquer un court ramping dans le lit du petit ruisseau qui parcourt la galerie étroite. Petite désescalade bien arrosée et on se recouche au fond du méandre.

Nous arrivons très vite aux 2 premières broches d’amarrage. Je sors la corde de 49m en 8mm pour la fixer dans les broches et la passer ensuite dans mon descendeur. Je glisse vers le bas jusqu’à la barre métallique scellée entre les 2 parois du méandre. Une sangle, un mousqueton et un nœud pour y accrocher la corde Descente d’un petit cran et on atteint le départ du puits. Une autre broche  en bas du ressaut et là, on a le choix : 2 broches d’un côté et une de l’autre. Je vais faire l’amarrage plein vide côté droit en descendant. Les 2 autres me semblent faire passer la corde bien trop près de la roche, et je ne veux pas prendre le risque que la corde frotte contre la paroi.

Elisabeth me rejoint à l’amarrage juste au-dessus.

La descente peut commencer. Le 1er tronçon plein vide, bien large, doit faire un peu moins de 20m de hauteur, mais je le préfère à  la descente du puits de 30m.

Quelques mètres après le départ, on prend le petit ruisseau sur le casque, dans le cou, le long du dos, et jusqu’aux semelles des chaussures ou des bottes. Hummmm, un vrai régal 🙁

En bas du puits, je sors la caméra et je place un petit projecteur au sol pour éclairer au mieux la descente d’Elisabeth.

La suite est une succession de petits ressauts obliques. Après plusieurs tronçons de corde, on rejoint le bas du puits des Grands Cercles qui nous domine de ses 30m de hauteur. Il mouille bien aussi aujourd’hui…

Allez, on continue. Petit morceau de galerie confortable pour arriver au cran vertical suivant : un puits de 4m au départ un peu serré. 3 broches et amarrage en Y pour bien positionner la corde entre les 2 parois, bien au milieu.

Descente du puits, suivie par un morceau de galerie qui se rétrécit pour arriver au désagréable (très désagréable aujourd’hui) relais de la Douche. Le temps de mettre un mousqueton dans la 1ère broche et l’eau qui tombe est rentrée de partout. 2ème broche : rebelote….

Je vais équiper le puits de la douche sur la barre fixée entre les parois, avant de me faufiler dans le départ étroit du puits.

Le début ne mouille pas trop, mais quelques mètres plus bas, on prend les éclaboussures du ruisseau. En descendant, c’est correct, mais la remontée prenant plus de temps, ça sera nettement moins bien. Même si on est déjà complètement trempés, on n’a pas envie d’en prendre plus. Elle est froide quand même.

Un petit cran à descendre et au arrive au dernier puits d’une dizaine de mètres. Il faut équiper en faisant une petite vire pour éviter de se prendre trop d’eau.

C’est bizarre, il me semblait qu’on pouvait s’amarrer en faisant un Y sur 2 broches placées sur chacune des parois… Mais je ne vois qu’une ancienne broche… Tant pis, je m’accroche dessus et place une déviation sur un spit, en face.

Le bas de la descente mouille pas mal, et encore une fois, çà sera certainement pire en remontant.

Amarrage en Y pour descendre le dernier petit ressaut. La corde de 45m n’arrive pas tout à fait en bas. Il manque un petit mètre… ça va quand même aller.

On a mis 2h et quart pour arriver en bas, environ 60m plus bas que l’entrée.

  • petit arrêt avant d’attaquer la remontée

Petit arrêt casse-croûte, mais vraiment petit, sinon on va être congelés.

On range ensuite tout dans le bidon étanche et la remontée peut commencer. Elisabeth remontra en premier et je déséquiperai cordes et amarrages.

Le 1er petit ressaut se fait en escalade jusqu’au puits de 10m. Ça mouille dès le début de la remontée du puits, même si on n’est pas directement sous le ruisseau. L’eau s’enfile par les manches de la combi et c’est très désagréable…

Elisabeth sort du puits et je monte à mon tour en essayant de faire abstraction de la pluie qui me rince.

Je déséquipe de puits pendant qu’Elisabeth attaque la verticale suivante qui mouille également. Il faut prendre son mal en patience et inutile de vouloir monter trop vite.

C’est à mon tour de monter. J’accroche le kit en bout de corde pour faire du poids et tendre la corde. Ça facilitera la montée car la corde coulissera bien dans le croll. Ça ira plus vite pour grimper.

J’arrive à la sortie étroite du puits en étant bien rincé. Il faut déséquiper et sortir de là. Les 2 derniers mousquetons seront les plus durs à enlever car ils sont directement sous la douche. En plus, évidemment, une des viroles est bloquée, et ça prendra du temps pour la débloquer… sympa…

Petit puits de 4 m à remonter. Ça ne prendra pas longtemps et on arrive vite au pied du puits des Grands Cercles.

On prend la montée déclive. Elisabeth va devoir prendre un kit chargé pour la montée du puits. Ah ! Quel plaisir la spéléo sans sac à porter, tirer, pousser… Mais ça serait trop facile, et si on est là, c’est pour galérer diront certaines mauvaises langues… Alors autant que ça soit le plus dur possible, non ?…

Monter le puits avec un kit n’est pas facile, mais sortir du puits, remonter le méandre et passer les étroitures sera encore pire. Elisabeth en fera la dure expérience. Le kit refuse de monter et se coince dès qu’il le peut. On peut toujours essayer de négocier ou de le résonner, mais rien n’y fait. Il reste intraitable, le bougre.

Un fois arrivé en haut je pousse le sac récalcitrant pour aider à le décoincer, mais il n’y met pas trop du sien et fait la forte tête.

Finalement on va y arriver. Le puits est déséquipé et on remonte le petit cran bien arrosé pour se recoucher dans l’eau. Hummmm quel délice. D’ailleurs c’est tellement bon qu’ Elisabeth continue à remonter dans l’eau le méandre qui devient bien serré, alors que la sortie est au-dessus… Elle aime ça on dirait, mais je pense plutôt qu’elle n’a pas vu le bon passage 😉

Moi je ne suis pas autant courageux et je sors à l’endroit normal en lui faisant remarquer que c’est peut-être mieux de prendre par où je suis passé. Et au lieu de me remercier, elle me dit : “Tu aurais pu me dire que j’avais loupé le passage…”. Ce à quoi je lui réponds : “Mais c’est ce que je viens de faire…” ;).

Ah la légendaire solidarité en spéléo… Bon, on aime les “blagues” aussi…

Nous voici sortis dans les carrières. Reste à rejoindre la porte de sortie pour retrouver Bella qui doit s’impatienter. En arrivant à la porte, on l’entend aboyer comme une forcenée. Une voiture belge est garée près du Kyros et Bella préfère prévenir les 3 spéléos qui sont à côté qu’elle n’a pas l’intention de les laisser entrer dans le camping-car.

Nous aurons mis 5 heures pour “faire” le gouffre (sans compter la marche d’approche et de retour). C’est un peu beaucoup, mais on a pris le temps d’apprécier l’eau, même si on n’a pas été mécontents du tout de retrouver des vêtements secs et de sentir le chauffage venir nous envelopper de sa douceur. Nous sommes bien habitués à notre petit confort quand même…


Marc Gapp

Pratique la spéléologie depuis l'âge de 14 ans. Passionné par la nature et l'aventure. Spécialiste du canyon de la Bendola descendu la première fois en 1989.