Haegen (67) – 9 février 2020 * 14,5 km – Dénivelé positif : 600m * Météo : 12° – ciel dégagé et vent fort/
En route pour la Table des Sorcières et le Brotschberg
Entre Lutzelbourg et Saverne, le ruisseau Baerenbach rejoint la Zorn au lieu-dit Stambach. En remontant la vallée de ce ruisseau sur environ 1 km, on arrive sur le parking de la Maisonnette de Pierre (Steinernehiesel), point de départ de plusieurs circuits de randonnée.
Il est environ 11 heures quand le “clac” de fermeture centralisée des portières résonne dans la vallée.
Pas mal de passage ici : adeptes de VTT et de running, avec ou sans chien, laissent leurs empreintes éphémères dans le sable gréseux du parking. La forte tempête Ciara annoncée pour cet après-midi devrait se charger de les effacer rapidement… D’ailleurs le vent souffle de plus en plus fort et fait tourbillonner les feuilles mortes, sous le regard inquiet des arbres de la forêt qui ont gardé en mémoire les terribles ravages provoqués par Lothar et Martin en 1999.
Le plus fort de la tempête est prévu pour cette nuit, et des vents de plus de 150 km/h sont attendus sur les sommets vosgiens.
Une montée à forte pente sur une piste forestière débute le parcours. Le ciel est bien dégagé, et la température est plutôt agréable malgré le vent. Après environ 3km, on laisse la piste pour emprunter un sentier qui part, sur la droite, rejoindre le col, à la cote 425m, offrant un regard sur le début de la plaine d’Alsace.
Beaucoup de monde au col, à pied, en vélo ou en voiture car on a rejoint une petite route qui vient de Saverne.
Petite pause à la Table des sorcières , qui n’est rien d’autre qu’une table ronde en bois, avec 2 bancs semi-circulaires disposés autour.
Seconde montée, pour atteindre le sommet du Brotschberg (530m d’altitude) d’où s’élance la tour du Brotsch haute de 16 mètres, construite en 1897 par le club vosgien de Saverne.
Une autre tour de 17m (la tour carrée Jules), a été également érigée en 1897 par le club vosgien de Strasbourg, au sommet du Climont, situé à plusieurs dizaines de kilomètres de là, vers le sud-ouest.
En fait, 9 tours, au total, ont été construites par le club vosgien sur le massif des Vosges.
La tour du Brotsch trône au centre d’une large prairie au milieu de la forêt. On y trouve également 2 abris en bois, dont un assez récent doit dater de 2017.
Rencontre insolite au milieu de la forêt
Le chemin continue sur le Brotschberg jusqu’à la bordure sud du plateau : le rocher du Brotsch, falaise de plusieurs dizaines de mètres de hauteur au pied de laquelle s’ouvre la grotte du Brotsch, site d’escalade apparemment bien fréquenté. Du haut du rocher jusqu’à la grotte, un large sentier aménagé dessine des zigzags suivant le relief de la pente abrupte.
Un peu plus loin dans la descente, après un virage, apparait un bloc de pierre plutôt insolite : la Cuve de Pierre. Cette cuve cylindrique, en grès, a un diamètre extérieur de plus de 4m pour une hauteur moyenne de 2m. Le folklore local raconte que cette cuve aurait été commandée par un abbé de l’abbaye de Marmoutier qui comptait l’installer dans la cave de l’abbaye. Mais lorsque les ouvriers eurent fini de la tailler, il fut impossible de faire bouger cette masse énorme et la cuve a donc été abandonnée ici, au milieu de la forêt…
La descente continue jusqu’à la maison forestière de Schaeferplatz. Quelques tables sont disposées çà et là, alors autant en profiter pour casser la croûte avant de poursuivre.
Le vent souffle bien et la pause déjeuner sera plutôt brève, car il fait rapidement froid lorsqu’on reste sur place sans bouger. Surtout que le soleil est en partie voilé par des nuages depuis un petit moment.
Un sentier, qui longe à bonne distance la route, monte à la cote 459m, au pied du Rocher du Hibou. 500m plus loin, on arrive au grand carrefour du Billebaum où reposent les restes d’un hêtre remarquable, d’une circonférence de plus de 6m et âgé d’environ 350 ans. Il n’a malheureusement pas survécu à la forte tempête de mars 1989… Un toit a été construit sur le dessus pour protéger ce qu’il en reste.
Châteaux sur la montagne
Après le carrefour, le sentier balisé passe de l’autre côté de la route. A gauche, au loin, on peut voir le Rocher d’Ochsenstein sur lequel a été bâti, à la fin du 12ème siècle, un ensemble de 3 châteaux.
À la maison forestière Haberacker, qui comporte plusieurs bâtiments, un sentier se dirige vers Ochsentein. Après 1km, et environ 100m de dénivelé, on passe sous la tour d’entrée du “Grand Château”, dont il ne subsiste que quelques murailles, ainsi qu’une tour qui ne devrait plus rester longtemps debout, à cause des larges fissures qui écartent les pierres sur tout le pourtour de la construction.
Les 3 châteaux ont été construits, chacun sur un rocher de grès et séparés de quelques dizaines de mètres l’un de l’autre.
Une échelle métallique permet d’accéder en haut du rocher nord qui portait le château de
Wachelheim. Le porche d’entrée, en haut de l’échelle, ainsi que quelques marches, ont été taillés dans la roche, et un grand escalier de pierres amène ensuite en haut du site, qui ne comporte plus que quelques soubassements de murs. À côté de l’échelle, un arbre magnifique s’appuie sur toute la hauteur du rocher bien vertical.
Un peu plus loin, un autre rocher caractéristique barre le passage. Sa forme effilée fait penser à l’étrave d’un navire. Il faut passer sur le bord du “navire” pour rejoindre le sommet du petit plateau du Schlossberg, aujourd’hui balayé par le vent.
Une courte descente dans la forêt conduit au col du Krappenfels*, avec son rocher aménagé en site d’escalade. On “grimpe” par le bord ouest du *rocher du corbeau pour accéder au plateau du Wuestenberg. Quelques marches de pierre ont été agencées en haut de la montée, juste avant d’arriver sur le replat.
Wotan en emporte le vent…
Le Wuestenberg, la Montagne de Wotan, est le prolongement du Schlossberg. C’est un ancien site celte où subsistent quelques vestiges, notamment des anciennes murailles (le mur païen) ainsi que la Pierre des Druides creusée d’un bassin bien circulaire, de 80cm de diamètre.
Malgré quelques prières à l’adresse de Wotan, dieu de l’orage dans la mythologie germanique, le vent a encore forci et les nuages occupent maintenant presqu’entièrement le ciel.
Il ne reste plus qu’à rejoindre le parking de la Maisonnette de Pierre. Un peu plus de 3 km de descente sur le versant de la Kaltenthal. Un peu avant de rejoindre la Langenthal, sur la gauche du sentier, un petit filet d’eau s’écoule par la fontaine Haemmerlin pour rejoindre le fond du vallon.
La randonnée, d’un peu plus de 14 kilomètres, se termine en fin d’après-midi. Les journées s’allongent un peu plus chaque jour et il fait encore bien clair en arrivant à la maisonnette. Il reste maintenant à espérer que la forêt ne souffrira pas trop de la tempête, cette nuit.