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  • Déroulement prévu

DateObjectif
Samedi 10 juinSt André les Alpes
Dimanche 11 juinSaorge
Lundi 12 juinMontée Bergerie d’Anan
Mardi 13 juinMontée Ruisseau de Marta
Mercredi 14 juinDescente => Affluent avant la cascade de 45 m
Jeudi 15 juinDescente => Résurgence
Vendredi 16 juinDescente => Bivouac des Strates
Samedi 17 juinDescente => Sortie du canyon
Dimanche 18 juinTrajet retour
Lundi 19 juinTrajet retour (fin)
  • Déroulement effectif

Date Objectif
Lundi 12 juin Montée à la bergerie d’Anan – Bivouac
Mardi 13 juin Montée au ruisseau de Marta – Bivouac
Mercredi 14 juin Retour à la bergerie d’Anan – Bivouac
Jeudi 15 juin Retour à Saorge
Samedi 17 juin Descente de la partie basse de la Bendola


Dimanche 11 juin – Accueil orageux

Nous voici arrivés sur le parking de Saorge, le 1er en montant car celui du haut est toujours uniquement accessible aux véhicules de moins d’1m90 depuis l’année dernière…

Nous nous sommes arrêtés à Breil avant, histoire de boire un coup à la terrasse de notre café préféré, près de l’ancienne mairie, qui n’a toujours pas été ni détruite, ni réparée…

Un peu plus de 1000 km pour rejoindre Saorge car le tunnel de Tende est toujours fermé. Il paraît que son ouverture se fera en octobre 2023, selon les plus optimistes…

La 1ère journée de route nous a amenés à St André les Alpes où nous avons passé la nuit au bord du lac, dont le niveau est bien haut cette année. Une autre demi-journée sera encore nécessaire pour en finir avec la route. Nous devrons passer par le difficile col du Turini (petite pause pour un café) avant de redescendre à Sospel où nous prendrons de l’eau à la station de camping-car du camping municipal.

Evy nous rejoindra ce soir sur le parking et nous devrions également rencontrer Nicolas qui va faire un portage de matériel jusqu’au bois des Ours pour y déposer de quoi faire un bivouac lors de la descente de la Bendola qu’ils doivent faire à 3 ou 4, début juillet.

J’envoie un message à Virginie pour l’avertir de notre arrivée et lui proposer de boire un coup, ce soir, au village. Elle nous donne rendez-vous au café Lou Poutin, au centre de Saorge.

À peine arrivés à Saorge, nous sommes accueillis par l’orage et la pluie. Ça commence bien.

Nous attaquons la préparation et le remplissage des bidons étanches. 3 bidons de 6 litres chacun : 1 pour la nourriture, 1 pour les affaires de bivouac et un autre pour tout le reste. Demain matin, nous allons essayer de partir vers 7 heures pour la 1ère journée de montée jusqu’à la bergerie d’Anan. Nous avons le temps d’y arriver mais partir tôt nous fera peut-être éviter d’avoir trop chaud, même si le soleil n’est pas vraiment prévu au programme. La région était en pleine sécheresse jusqu’à  il y a environ un mois. Depuis, il y a des orages tous les 2 jours et il pleut pas mal. C’est plutôt bien. Il devrait y avoir assez d’eau dans la Bendola, pas comme l’année dernière où le bas niveau de l’eau m’avait donné un gros coup de cafard.

Les jours qui viennent s’annoncent orageux et pluvieux, paraît-il… Mais c’est souvent le cas dans le coin, donc pas d’inquiétude à avoir…

Une fois les préparatifs terminés, nous mangeons un peu avant de rejoindre Virginie au café. Evy arrivera plus tard que prévu et nous attendra au parking. Un peu plus tard, je reçois un message de Nicolas me disant qu’ils sortent seulement du canyon et qu’ils sont complètement vidés. Ils ne viendront pas boire un coup et repartiront directement.

Nous redescendrons assez tôt au parking car Virginie ne veut pas rentrer très tard.

Peu avant d’arriver au parking, je vois plusieurs personnes avec des sacs sortir de la piste du Castou. En fait, c’est Nicolas, sa femme et 2 autres personnes. Nous les retrouverons sur le parking, ainsi qu’Evy qui est arrivé depuis peu.

Je vais voir Nicolas, et nous sommes contents de nous rencontrer enfin, car jusqu’à maintenant nous n’avions échangé que par mails et SMS.

Il a l’air complétement HS, tout comme les 3 autres personnes qui l’accompagnent. Je lui demande des précisions sur ce qu’ils ont fait et là, je suis sidéré. Ils vont descendre la Bendola début juillet et en prévision, ils ont fait un portage de matériel jusqu’au bois des Ours où ils feront un bivouac. Quand je lui demande par où ils sont passés, car je ne connais pas de sentier qui va jusque-là, il me répond qu’ils sont passés par la rivière !!!! Incroyable. Depuis le pont de la Baragne, ils sont remontés avec le matériel et redescendus dans la même journée. C’est de la folie. Et tout cela pour ne pas porter le matériel de bivouac lors de la descente, le 1er jour. Les bras m’en tombent. Quel est l’intérêt ? Je ne vois pas bien. Il me dit qu’en fait, c’est ce qu’avait le guide avec lequel il a fait sa 1ère descente l’année dernière. Celui-ci est remonté avec tout le matos pour que son client n’ait rien à porter ! 1ère fois que je vois cela. Ce n’est plus un guide, c’est Mère Teresa. Ils sont loin d’être tous comme lui.

Nicolas ne va pas rester longtemps car ils doivent encore redescendre jusque sur la côte et il se fait tard.

Après avoir discuté un petit moment avec Evy, nous allons nous coucher.

Lundi 12 juin – Montée à la bergerie d’Anan

Il ne pleut pas lorsque nous nous levons. C’est déjà ça. Le ciel est même presque dégagé et il fait un peu frais.

Petit déjeuner et nous attaquons la préparation des sacs.

Avant le départ, le rituel de la pesée des sacs :

12 kg pour Evy, 21kg pour Elisabeth et 23 pour le mien.

Nous décollons du parking à 8h10. C’est un peu tard mais ce n’est pas grave car nous avons largement le temps d’arriver à la bergerie d’Anan.

Il faut dire que Simon, installé à côté de nous, et qui dort à l’année dans son fourgon, a la langue bien pendue et il a été difficile de se concentrer sur les préparatifs. Ça a donc pris plus de temps. Il ne s’agit pas d’oublier quoi que ce soit.

Traversée de Saorge et montée jusqu’au monastère. Le soleil est voilé maintenant, mais il fait quand même chaud. Le taux d’humidité est élevé et c’est un peu étouffant.

On passe Bergiron, et à la fontaine, on prend tout droit le sentier qui grimpe à Peïremont où nous arrivons “peu de temps” après. On discute un peu avec la fermière que nous avions vue il y a 2 ans et elle nous demande si nous n’avons pas peur à cause de la mauvaise météo qui est prévue…. Non. Ça va… (on gère)

Un peu avant de quitter la ferme, quelques caresses à un âne enfermé dans un petit bâtiment. Sa tête passe par la moitié haute de la porte et il réclame qu’on s’occupe de lui. Je lui propose de le libérer s’il veut bien porter mon sac, mais comme il ne me répond pas, je continue mon chemin. Je devrai donc continuer à supporter ce maudit sac, et ça va durer un moment encore.

Montée jusqu’à la Pinée où nous ferons une petite pause, histoire de soulager les épaules et le dos.

L’année dernière, un goutte à goutte coulait d’un tuyau, mais cette année, rien du tout. Pourtant il y a plus d’eau. La source nécessiterait sûrement un peu d’entretien pour retrouver un écoulement. Ce serait vraiment une bonne chose car il n’y a pas d’autre point d’eau sur le GR, à part la citerne de la bergerie d’Anan.

Allez, on repart car nous sommes encore loin d’être arrivés. La Pinée est à la cote 857 m et il faudra grimper jusqu’à 1450m d’altitude pour atteindre le replat où se situe la bergerie. Bon, nous avons quand même déjà fait 400m de dénivelé. Ce n’est pas négligeable.

La montée va prendre un peu de temps et certains passages vers le haut sont abimés. Il faut avancer au milieu des branches ce qui n’est pas vraiment facile avec le sac.

Le temps ne s’arrange pas. Le ciel se couvre de plus en plus mais ne semble quand même pas tourner à l’orage. Franques, que nous avons rencontré dans Saorge nous a dit qu’il a fait très sec jusqu’à il y a environ 1 mois, et que depuis il pleut tous les 2 jours. Donc, si on garde le rythme, il ne devrait pas pleuvoir aujourd’hui puisqu’il a plu hier. Par contre, demain … mais à chaque jour sa peine.

Nous arriverons à la bergerie un peu après 15 heures. Ce qui fait environ 7 heures de montée pour aller du parking jusqu’ici.

On va se reposer et manger un morceau avant d’installer le bivouac. On a le temps.

Cette fois, on va monter les abris car le temps est incertain. Bien sûr, on pourrait s’abriter dans la bergerie s’il pleut, mais la perspective de tout transférer de nuit dans le bâtiment à la hâte n’est guère enthousiasmant. En plus l’odeur de la charogne est encore dans les narines depuis l’année dernière. Pourtant, il ne reste plus rien de la carcasse en décomposition, même pas un os. On se demande bien où elle a pu passer. Bizarre.

Les abris sont installés et il faut aller faire le plein d’eau pour le repas du soir et le café, ainsi que pour le petit déjeuner de demain.

L’eau de la citerne est toujours aussi claire et un goutte à goutte coule cette année, ce qui va contribuer à compenser l’eau que nous prenons.

Même si l’eau est correcte, on utilisera quand des pastilles de purification.

Faire chauffer l’eau pour le repas ne sera pas une mince affaire car le bois est tout humide. Il faudra utiliser la soufflette en continu pour réussir à faire bouillir l’eau.

Après un bon repas et un café, nous rejoindrons les abris et les duvets avant qu’il ne fasse nuit.

Mardi 13 juin – Le ruisseau de Marta

5 heures du matin. Des gouttes sur l’abri. Il pleut ! La galère….

Je sors de l’abri pour voir l’état du ciel. Bon, ça n’a pas l’air catastrophique et ça ne devrait pas durer.

Effectivement, la pluie s’arrêtera de tomber peu après. Mais rien ne dit que ça ne recommencera pas…

Le lever est difficile, et en plus il fait bien frais. La nuit n’a pas été très chaude. Elisabeth a même eu froid…

Nous avons eu la visite d’un engoulevent, comme l’année dernière, mais il n’est pas resté bien longtemps et on ne s’en plaindra pas. Un chevreuil est également venu voir les touristes.

Il va falloir essayer de faire sécher les abris pendant que nous commençons à ranger. On ne va même pas essayer de faire chauffer de l’eau pour un café car le bois ne risque pas d’avoir séché pendant la nuit et il est même certainement mouillé après la pluie du matin. Et puis, on va essayer de partir plus tôt que l’année dernière car nous étions arrivés assez tard au bivouac.

Finalement, nous partirons à la même heure que l’année dernière : 8h20….

Le ciel s’est dégagé petit à petit et on se prend à rêver d’une belle journée.

Comme toujours, le départ est difficile. On va y aller doucement car la journée va être longue et le parcours n’est pas facile.

1er arrêt à la baisse d’Anan à 1 555m d’altitude. À partir de là, nous quittons le GR52A pour nous engager dans les pentes de la cime d’Anan. 200m de dénivelé à prendre en direct, hors sentier. Ça se monte bien, si on ne cherche pas à monter trop vite.

Je pensais qu’on verrait beaucoup de fleurs cette année avec la pluie qui est tombée, mais ce n’est pas le cas. Nous ne verrons même pas de Lis Martagons, ni de rhododendrons. Les orages ont pas mal abimé les quelques fleurs que nous voyons. Et puis, nous sommes peut-être quand même un peu tôt.

Nous remarquerons une chose étonnante. Un peu partout des touffes d’herbe ont été brûlées mais cela ne semble pas dû à un incendie car on ne voit pas de traces noires entre chaque motte. Comme si on les avait brulées séparément. Étrange…

Petit à petit nous gagnons de l’altitude et finissons par atteindre l’endroit où nous devons traverser le bois pour rejoindre la crête d’Anan.

Cette année, pas de moutons ni de patous. Ils vont seulement partir aujourd’hui de Peïremont pour rejoindre la baisse de Lugo. C’est ce que nous a dit la fermière de Peïremont, hier.

Toujours aussi superbe la vue en arrivant sur la ligne de crête. On domine le majestueux vallon de la Bendola qui plonge de plus de 1000m à nos pieds.

Nous pouvons voir loin tout autour de nous. Il semble que les nuages grossissent petit à petit et se rapprochent de nous. Rien de dramatique toutefois.

Commence la montée le long de la crête. Il faut atteindre la cote 1856m.

Un magnifique aigle royal glisse au-dessus de nous. Il passe la crête pour plonger vers le bas de la vallée de la Brigue avant de revenir vers nous et repartir d’un coup, en faisant demi-tour à une dizaine de mètres à peine d’Evy qui entend le souffle provoqué par le mouvement d’air. Impressionnant

Pas question cette fois de prendre un raccourci comme l’an dernier. “Raccourci”, tu parles… qui nous a fait perdre au moins 1 heure et prendre des risques inconsidérés. On ne m’y reprendra plus…

Alors on monte, tranquillement. Evy avance sans sac. Il l’a laissé plus bas car il fera bientôt demi-tour, un peu avant de partir vers le petit col que l’on aperçoit lorsqu’on arrive au sommet.

Après ce petit col, une descente délicate conduit au départ de l’escalade. Après celle-ci, il n’est plus possible de rebrousser chemin. Trop dangereux d’essayer de descendre le passage de l’escalade.

On dit au revoir à Evy, que nous devrions retrouver à notre retour au parking, samedi, dans 4 jours, si tout va bien…

On n’a rien vu venir. Occupés que nous étions à regarder où nous posions les pieds, nous n’avons pas vu venir les gros nuages. Au petit col, la pluie commence à tomber. En plus, la corde que porte Elisabeth choisit ce moment pour tomber du sac et se délover. Elle doit réussir à ôter le sac, lover la corde et la remettre en place. Tout ça au-dessus du vide, bien entendu. Sans rien faire tomber. Ni personne…

Je patiente un peu plus loin en essayant de trouver un coin pour m’abriter de la pluie. On peut rêver…

Après avoir difficilement réussi à remettre son sac, Elisabeth repart et commence à descendre la vire étroite rendue bien glissante par la pluie. Doucement !

Voilà le passage de l’escalade. Heureusement, la pluie ne tombe plus. Sympa. Mais ce n’est qu’un répit car les nuages s’épaississent et le brouillard monte des 2 côtés de la crête sur laquelle nous progressons.

Il faut être très vigilant car ça glisse énormément. Je passe devant pour trouver les meilleurs passages, ou plutôt, les moins mauvais.

L’escalade est franchie. Alea jacta est ! Nous ne pourrons plus faire demi-tour…

Encore monter, toujours monter. Il faut atteindre le sommet à 1 882m, point culminant du parcours.

On y arrive en même temps que le brouillard. Ça ne va pas nous arranger car un peu plus loin il faudra quitter la crête pour s’engager dans le devers des pentes de la pointe de Lugo et la trace est quasi invisible. Donc dans le brouillard, elle sera entièrement invisible.

On attend un peu mais le brouillard s’incruste.

Sur le GPS, j’ai le tracé de l’année dernière et je vais l’activer pour repérer l’endroit exact où nous avons bifurqué.

Grâce à cela nous quittons la crête au bon endroit et apercevons plus ou moins la trace de l’ancien sentier de berger.

Le brouillard va et vient, s’envole et retombe autour de nous. Nous avançons lentement car c’est très glissant.

La pluie revient soudain, sans crier gare. Elle ne tombe pas très fort, mais elle est bien froide. Brrrrr !

La baisse de Chiay est en vue. Il y a un ancien abri en pierre qui servait aux bergers autrefois. Il n’y a plus de toit, mais je trouve, juste à côté, une tôle que je place sur les restes de poutres qui supportaient le toit, à l’origine. Ça devrait nous permettre d’être un peu à l’abri.

J’enlève les orties pour que l’on puisse occuper les lieux.

Il y a à peine assez de place pour 2, mais on fera avec.

Nous allons en profiter pour manger un peu en attendant que ça se calme. Un vent froid remonte du vallon de la Bendola, et le brouillard est glacial. Il pleut toujours un peu, mais ce n’est pas catastrophique.

Une fois le “repas” terminé, on hésite sur la suite : rester ici et attendre que ça passe, ou continuer vers la baisse de Pourtiguère et les pentes du Balcon de Marta ?

Comme il a arrêté de pleuvoir, je préconise de continuer car ça peut durer longtemps comme cela, et on commence à avoir froid.

On remet les sacs et c’est parti. Nous passons la Baisse de Chiay et nous engageons dans le bois, en direction de la Baisse de Pourtiguère.

Nous ne sommes même pas repartis depuis 10 minutes que la pluie revient, faible au début, puis de plus en plus fort. En plus, elle est vraiment très froide.

On essaye de se protéger sous un arbre mais ça ne sert à rien, on prend tout sur la tête. Bientôt la baisse de Pourtiguère et il n’y aura plus moyen de s’abriter du tout.

1er éclair et 1er coup de tonnerre. Ça se gâte. On ne peut pas avancer comme cela sous l’orage. 2ème éclair et 2ème coup de tonnerre. L’orage se rapproche vite. Pas prudent d’aller au col et de continuer le long des pentes du Balcon de Marta. En plus, la pluie s’est changée en grêle. Il faut trouver le moyen de se protéger.

On se cale sous un arbre incliné et on sort les ponchos à 1 € achetés chez Action au cas où… Et bien le voilà le cas où….

On se dépêche de les enfiler, enfin on essaye car il faut trouver l’entrée. On est déjà complètement rincés mais ça protégera quand même.

Le poncho d’Elisabeth ne durera même pas 1/4 d’heure. Elle va le déchirer contre une branche. Il protégera quand même un peu. C’est mieux que rien. Enfin, pas beaucoup mieux…

L’orage s’intensifie et se rapproche. Il est tout prêt. La foudre tombera 2 fois sur les cimes au-dessus de nous, à quelques dizaines de mètres. On n’en mène pas large.

Si nous étions restés dans l’abri de pierre, nous aurions certainement été mieux protégés de la pluie. Mais pour l’orage…. Juste au col et sous une tôle en ferraille, je ne suis pas sûr que ça aurait été le top.

Nous attendrons 3 longues heures comme cela, tremblant comme des feuilles sous la tempête… 3 longues heures complètement frigorifiés. Le pire a été de repartir.

Il faut s’y prendre à plusieurs fois pour remettre les sacs qui semblent peser 2 fois plus.

Elisabeth ne veut plus continuer. Elle veut retourner dans l’abri de pierre et attendre là. Mais je pense qu’il faut poursuivre. Une fois que nous nous serons remis à marcher, ça ira mieux. On va se réchauffer.

Alors on continue et, petit à petit, le froid s’atténue. Mais c’est difficile d’avancer dans le devers sur cette trace qu’il ne faut pas perdre. Le sol est détrempé et hyper glissant, surtout qu’il y a de la grêle partout. Il faut prendre son temps, et pourtant, jamais nous n’aurons parcouru cette partie en aussi peu de temps. 1heure et demi, je crois, au lieu de 2 heures, en général. Nous sommes pressés d’arriver. À 17h30 nous passions la Baisse de Pourtiguère et je ne pensais pas que nous arriverions avant 20 heures, 20 heures 30.

La pluie ne nous embêtera plus jusqu’à ce que nous arrivions, l’orage non plus.

En avançant, je guette le gros vallon qu’il faut traverser juste avant la descente finale jusqu’au ruisseau. Aujourd’hui, il arrive vite. D’habitude, je tends l’oreille pour essayer d’entendre s’il y a de l’eau dans le ruisseau de Marta car on ne peut pas voir l’eau au fond du vallon. On peut juste essayer de l’entendre. Aujourd’hui c’est son et lumière ! Le bruit qui remonte du vallon ne laisse planer aucun doute : il y a de l’eau ! Et pas qu’un peu…

On voit très nettement le torrent qui court furieusement et qui dévale le vallon de Marta, alors qu’en temps normal on ne distingue même pas un filet d’eau. Ça ne sent pas bon du tout, vraiment pas.

Nous arrivons à la traversée du dernier vallon que j’ai toujours vu à sec. Aujourd’hui, un petit ruisseau dévale rejoindre le ruisseau de Marta transformé en torrent de Marta.

Il faut ensuite commencer à descendre progressivement pour rejoindre un petit vallon sec qui débouche dans le ruisseau. Le vallon est également parcouru par un ruisseau et le débit qu’on entend plus bas dissuade de continuer la descente par là. Nous ne pourrons pas aller jusqu’à l’endroit du bivouac habituel. Le débit nous empêchera de descendre la dalle inclinée et l’emplacement du bivouac doit être recouvert par l’eau.

Nous traversons donc le vallon et continuons à descendre en oblique jusqu’à arriver au ruisseau. Il y a à peu près 100 m de berge presque plate jusqu’à une cascade que nous ne pourrons pas remonter. Il faut donc trouver un coin ici pour installer le bivouac.

Le débit est incroyable. Jamais je ne pensais qu’il pouvait couler autant d’eau ici, car nous sommes tout en amont du ruisseau. C’est donc là que le débit est le plus faible. Plus bas, d’autres affluents viennent grossir encore le cours d’eau.

1ère réaction en voyant cela : on ne pourra pas descendre. Bon, du calme. On va d’abord se poser.

Sur la partie basse, au bord de la berge, tout est gorgé d’eau. Des marmottes ont creusé des galeries, qui sont complètement noyées…

En remontant, on finit par trouver un tout petit replat qui pourra contenir 2 corps allongés. Nous en l’occurrence.

Allez, pas le temps de s’endormir. Il faut monter l’abri et installer le bivouac. Il n’y a quand même pas beaucoup de place mais on fera avec. Il recommence à pleuvoir, une fois l’abri monté. On va tout caler dessous et on préparera le repas à l’abri.

Elisabeth est déjà désespérée à l’idée de chercher du bois…. Espérer trouver du bois brûlable relève de l’ Heroïc Fantasy. Nous utiliserons le Meta pour faire chauffer l’eau. On ne l’a quand même porté pour la gloire.

La nuit tombe vite et nous finirons le repas à la frontale.

Faire chauffer l’eau sous l’abri, c’est bien, mais il y a quand même un gros inconvénient : la buée qui va tremper la face intérieure de l’abri qui n’est fait que de “vulgaire” plastique sans système de ventilation.

On s’en accommodera. Après tout, les sursacs vont protéger les duvets. Ils servent entre autres à cela.

Pas facile de trouver la place où se caler, surtout pour les grands. Il faut faire abstraction du bruit assourdissant de l’eau, mais c’est difficile. Et puis il ne faudrait pas que le niveau monte encore sinon on va devoir dormir dans l’eau, et même si on a des matelas pneumatiques, ils ne servent pas à cela, en principe.

Mercredi 14 juin – Retour à la bergerie

Il n’a pas plu cette nuit et le débit du torrent s’est stabilisé. Difficile quand même de voir s’il y a une différence par rapport à hier soir. La grêle qui est tombée hier a fondu progressivement pendant la nuit et a donc continué à alimenter le débit du ruisseau de Marta et des affluents.

Quelques gouttes sont tombées ce matin, mais rien de dramatique. Au-dessus de nous, le ciel est couvert et comme nous sommes au fond du vallon, nous ne pouvons avoir une vue panoramique qui nous permettrait de pouvoir prédire une évolution du temps.

Nous sommes sous la ligne de crête qui constitue la frontière franco-italienne. Les orages peuvent venir du Mercantour pour le côté français, ou du versant italien. Mais aussi des 2 côtés….

Il va donc falloir prendre une décision à partir de ce que l’on voit… Le baromètre ne donnant pas de tendance marquée, il ne nous aidera pas à choisir…

Que faire ? Se lancer dans la descente ou rebrousser chemin ?

Une troisième possibilité serait d’attendre une journée, pour voir…. Nous sommes à l’amont du bassin d’alimentation de la Bendola et, s’il n’y a pas de grosses pluies, le débit devrait baisser relativement vite… oui mais voilà, on ne peut pas savoir s’il ne va pas pleuvoir à nouveau. En plus, comme il y a des orages tous les 2 jours en ce moment…. Et si nous attendons une journée, nous aurons grillé la journée de marge de sécurité que nous avons. Un autre retard plus bas, et les secours seront déclenchés… Pas bon…

Donc il faut choisir entre s’engager dans le torrent ou redescendre par où nous sommes montés.

On pèse le pour et le contre :

Qu’est-ce qui nous pousse à continuer ?

  • Personnellement, ça fait un an que j’attends d’y retourner, d’autant plus que le faible débit d’eau de l’année dernière m’avait filé un gros coup de blues. Comme quoi, encore une fois, les années se suivent et ne se ressemblent pas… La Bendola, ce n’est jamais la même chose.
  • On a quand même fait plus de 1000 km de route pour venir à Saorge et 2 jours de marche en montagne, 1600m de dénivelé chargés comme des mulets. On s’est pris un orage carabiné. Tout ça pour rien ? Bon c’est vrai, rien que la marche d’approche vaut le détour et représente déjà une aventure à part entière. Mais quand même…
  • Enfin, à partir d’un certain âge, les années comptent double ou même plus et je ne sais pas si je pourrai refaire cela l’année prochaine…

Maintenant, que nous dit la voix de la sagesse ?

  • Dans la 1ère partie, avant que l’eau ne s’enfile sous terre (si elle part bien sous terre, vu la quantité), j’ai quelques passages en tête qui seront problématiques à coup sûr. Plus ceux que je n’imagine pas, évidemment… On a toujours tendance à sous-estimer la force de l’eau. Ici, le ruisseau est large, mais plus bas, il y a des rétrécissements dans lesquels l’eau va monter à peut-être 1m, 1.50m ou même plus. Impossible donc de s’y engager et il faudra tenter des escalades aléatoires. Le pire serait de “forcer” un passage et de se retrouver bloqués plus bas : Impossible de descendre et de remonter. Condamnés à attendre, sans peut-être pouvoir s’installer correctement.
  • Même si on réussit à passer le début et la partie sèche, en cas de gros orage, on risque de se prendre une grosse crue quand le torrent ressort à la résurgence. Ça m’est arrivé une fois et croyez-moi, je ne suis pas près de l’oublier.

On met tout ça dans la balance en prenant le café. La matinée est déjà bien entamée et il va falloir se décider vite car, si on veut finalement partir dans l’eau, la progression risque de prendre beaucoup de temps.

On va écouter la voie de la sagesse, à l’unanimité. L’autre solution est beaucoup trop aléatoire.

La décision étant prise (mais pas très ferme quand même puisqu’on n’arrête pas de guetter un éventuel morceau de ciel bleu qui nous ferait peut-être changer d’avis…), il faut maintenant tout remballer. On va tout ranger sous l’abri car il pleut un peu par moment.

On partira vers 13 heures…. Après beaucoup d’hésitations… La progression est lente car le cœur n’y est pas. Il faut trouver le tracé que nous avons pris à l’aller. Pas évident car il n’est pas très visible dans ce sens.

Nous mettrons quasiment 2heures 30 pour atteindre la baisse de Pourtiguère, alors qu’à l’aller nous avions fait le même parcours en 1h30… C’est dire à quel point la motivation n’y est pas.

Le temps, lui, ne s’arrange pas. Gros nuages et brouillard montent de chaque côté. Par moments, la pluie nous tombe dessus. Mais elle semble avoir pitié de ces 2 pauvres humains malheureux, et elle ne nous embêtera pas plus qu’il ne faut.

Après la baisse de Pourtiguère, nous passons l’endroit où nous avons patiemment attendu pendant 3 heures, hier. Nous ne nous doutions pas que nous repasserions ici le lendemain…

Baisse de Chiay. Nous ne reprendrons pas la crête, car le passage de l’escalade est infranchissable en descendant. Surtout que ça glisse et il n’y a pas moyen d’installer une corde pour descendre en rappel.

Nous allons donc descendre par le bois pour rejoindre le GR52A avant la baisse de Lugo, au niveau de l’enclos à moutons.

En montant, j’ai déjà pris plusieurs fois ce bois infernal dans lequel je n’ai jamais réussi à trouver un sentier, bien qu’il y en ait un indiqué sur la carte. Les innombrables traces laissées par les moutons qui rejoignent la baisse de Chiay conduisent à des impasses et il faut ensuite monter hors sentier au milieu des sous-bois, des ronces, des branches enchevêtrées et des arbres couchés.

Dans l’autre sens, ce sera plus facile. Si on peut attraper une trace depuis la baisse de Chiay, on aura peut-être la chance qu’elle nous conduise “facilement” jusqu’à l’enclos.

Il y a bien une trace qui part depuis la baisse. On va la suivre.

Par endroits, on ne la voit plus mais on devine le passage. Plusieurs fois, j’ai l’impression qu’elle s’arrête définitivement, mais on la retrouve et elle nous conduira au bon endroit. Voilà une bonne chose, car maintenant j’ai le tracé enregistré sur le GPS et ça facilitera la montée, au cas où je revienne par ici, bien entendu…

En débouchant sur la piste, nous rencontrons 3 personnes, dont le fermier de Peïremont (le frère de la fermière). Ils ont monté les brebis et demain, le berger prendra en charge le troupeau dans les estives.

Ils sont curieux, bien sûr, de savoir d’où on vient et nous leur expliquons notre périple. L’un d’entre eux nous dit qu’il y a beaucoup de pluie prévue demain… On ne regrette donc plus d’avoir fait demi-tour (enfin, on se console comme on peut, plutôt).

Il y a plusieurs chiens avec eux dont 2 jeunes borders et 2 patous que nous avons vus l’an dernier. La chienne qui nous a accompagnés un moment l’an dernier en aboyant est là. Elle nous suivra jusqu’à la fontaine des chiens, sans arrêter d’aboyer… Un sifflement de son maître la fera repartir d’un coup.

Nous avançons tranquillement sur la piste, passons la baisse de Lugo puis la fontaine des chiens. Le ciel est menaçant. De gros nuages noirs s’entassent au niveau de la baisse de Lugo, mais il ne pleuvra pas, du moins pour le moment.

Nous attaquons la désagréable montée rocailleuse jusqu’à la baisse d’Anan avant de descendre jusqu’à la bergerie d’Anan où nous arrivons à … 20h30… 7h 30 pour faire ce trajet alors qu’il y a plus de descente et que nous n’avons pas pris les crêtes… On vient bien que la motivation n’y est pas.

Le temps ne s’arrange pas mais nous n’avons pas envie de monter l’abri, qui est complètement trempé d’ailleurs.

On décide d’installer le couchage dans la bergerie. Il y a un coin bien plat et nous serons bien abrités s’il pleut.

Comme la veille nous utiliserons le Meta pour faire chauffer l’eau car ce n’est pas peine de perdre du temps à récolter du bois, qui sera trempé de toute façon.

Nous mangerons nos rations et boirons le café du soir à la frontale. Puis, dodo.

Nous sommes bien installés et ne manquons pas de place pour étaler nos affaires, contrairement à hier.

Jeudi 15 juin – Retour à la case départ

C’était une bonne idée de dormir dans la bergerie. La nuit a été correcte, malgré le courant d’air froid provenant d’une ouverture dans le mur. Pas besoin de stresser à cause de la pluie. D’ailleurs, il a peut-être plu mais nous n’avons rien entendu.

Ce matin, le ciel est presque dégagé et il y a du ciel bleu qui s’étend de plus en plus. Inévitablement, on pense au canyon. On aurait eu un réveil optimiste sous ce ciel engageant… On aurait eu, oui…. Mais pas la peine de remuer le couteau dans la plaie qui saigne encore.

Il fait bon ici et on n’est pas pressé de partir. Un café, puis un autre, et encore un…. Histoire de retarder le moment du départ.

Finalement, la météo s’est trompée. Il devait pleuvoir beaucoup mais ce n’est pas le cas. Tant mieux.

Mais en y regardant mieux, on voit que ça se couvre tout doucement au-dessus du Mercantour, puis de plus en plus…

Bon, allez ! On va tout remballer et commencer à descendre car le chemin est long, même si ce n’est que de la descente.

Il est presque 13h30 lorsque nous quittons la bergerie d’Albert, après l’avoir remercié pour son hospitalité.

La descente est bien glissante car le sol est encore mouillé, et les cailloux jouent aux roulements à bille sous nos chaussures. Comme nous sommes bien chargés, il faut avancer prudemment. Pas la peine de se tordre une cheville ou un genou.

Pourtant, le ciel incite à forcer le pas. C’est tout noir sur le Mercantour et on voit même des rideaux de pluie qui s’approchent de la vallée de la Roya. Bientôt le 1er coup de tonnerre, puis un second. L’orage s’approche vite et nous accélérons.

Nous ferons quand même un court arrêt à la Pinée, très court même…

Je décide de ne pas passer par Peïremont mais de prendre l’autre sentier. En cas de besoin, on pourra s’abriter sous l’auvent de la chapelle Ste Croix qui est bien large.

À peine partis de la Pinée, un éclair frappe le sommet au-dessus de Peïremont. L’orage est ici, au-dessus de nos têtes.

Bientôt la pluie se met à tomber. Des grosses gouttes d’abord, puis le débit augmente vite.

La chapelle n’est plus loin mais nous prendrons quand même une bonne rincée avant de pouvoir nous abriter. Abriter, c’est un grand mot, car un vent violent pousse les trombes d’eau sous l’auvent pourtant bien large, et nous sommes vite trempés. Qu’elle est froide cette pluie ! C’est un véritable déluge qui s’abat où nous sommes. L’orage redouble de violence. Nous appendrons en arrivant au monastère que la foudre est tombée sur celui-ci. Nous qui avions envisagé de nous y abriter au cas où… On aurait bien apprécié, c’est sûr.

Heureusement, le gros de l’orage ne durera pas plus d’une demi-heure, mais je pense qu’il est tombé presque autant d’eau qu’avant-hier. Bonjour le débit du torrent. Mais il n’est pas certain que l’orage soit arrivé jusqu’au Balcon de Marta. Un vent venu du versant italien l’a peut-être bloqué avant. Difficile de savoir si on n’est pas sur place.

En tout cas, non, la météo ne s’était pas trompée. Même s’il n’a pas plu toute la journée, la quantité de pluie était bien au rendez-vous.

En attendant que la pluie cesse (on se demande bien pourquoi on attend car on est déjà trempés), nous mangeons un morceau.

La suite de la descente se fera en pataugeant dans le ruisseau qui a remplacé le GR52A.

Une petite pause au monastère où nous discutons un peu avec une guide qui assure les visites. Je lui demande des nouvelles de Francesco et elle m’apprend que celui-ci a eu un accident. Il a glissé sur un pont cet hiver, à pied, et il s’est assez gravement blessé. D’ailleurs il ne va reprendre le travail que la semaine prochaine.

En passant près de la maison de retraite, nous rencontrons Franques, qui n’est pas très surpris de nous voir… Evidemment, avec ce temps…

Nous arrivons au parking vers 18h. Un peu plus tard, nous échangerons nos expériences avec Evy autour d’un apéro bien mérité. Lui aussi s’est retrouvé sous l’orage peu après avoir fait demi-tour sur les crêtes d’Anan. Mais il n’a pas voulu dormir dans la bergerie et est redescendu directement à Saorge.

Avant de prendre le dîner avec lui, nous déballerons les sacs et rangerons le matériel que nous avons fait prendre l’air pendant 4 jours…

Vendredi 16 juin – Un peu de repos

Ciel bleu ce matin. On devrait l’apprécier mais on ne peut pas s’empêcher de penser au canyon… Aujourd’hui, nous aurions dû nous réveiller au bivouac de la résurgence et nous aurions bien profité de ce ciel dégagé en nous disant que la journée sera belle, les biefs et vasques magnifiques sous le soleil… On n’a toujours pas digéré….

Nous allons continuer le rangement du matériel et préparer les sacs pour demain, car nous avons décidé d’aller faire la descente de la Bendola à partir du Pont de la Baragne. Mais il faudra quand même s’assurer que le débit est correct.

La matinée passe tranquillement, en discutant avec Evy et Simon. Evy va aller pêcher cet après-midi du côté de Fanghetto pendant que nous descendrons au pont de Baoussoun pour voir le débit de la Bendola.

Le ciel se couvre progressivement en début d’après-midi. Orage ou pas ? Difficile à dire. Comme il y en a eu un hier, on devrait être épargnés aujourd’hui… Mais demain ? La météo a prévu du beau temps samedi, donc ça devrait aller…

Nous descendons au bord de la Bendola. Le débit est tranquille, mais ça peut être trompeur car, ici, le lit de la rivière est bien large. On peut voir, sur les rochers qui sont dans l’eau, que le niveau d’eau a baissé d’environ 10 cm depuis hier. La descente depuis la Baragne devrait être faisable.

Quelques gouttes d’eau tomberont en milieu d’après-midi, mais c’est tout. Pas d’orage, ni en soirée d’ailleurs.

Evy revient de son petit tour à la frontière italienne. Il est passé à Breil pour prendre des pizzas.

La soirée se déroulera tranquillement. Tout est prêt pour demain.

Samedi 17 juin – La Bendola depuis le Pont de la Baragne

La journée s’annonce belle et chaude. Nous partons pour le pont de la Baragne à 9 heures en passant par la piste du Castou. Un peu plus de 3/4 d’heure pour faire la piste et 1h et quart sur le sentier. Evy nous quittera un peu avant l’affluent de la cascade de tuf. Il va descendre directement un vallon qu’on traverse (avec un pont) pour rejoindre la Bendola et la remonter un peu en pêchant. Nous avons prévu de nous retrouver à 14 heures vers la cascade de tuf (aujourd’hui effondrée).

Eisabeth et moi continuons et traversons l’affluent avant d’attaquer la dernière montée. Le casoun, au début de la montée, est occupé par une jeune femme et son chien. Salutations discrètes (le chien est trop craintif pour venir chercher des caresses) et nous continuons la montée, puis la grande descente qui aboutit au pont de la Baragne.

Le soleil est toujours là… Vers midi, nous attaquons la descente. Le débit semble bien fort… Nous mettrons un certain temps à pouvoir passer les premiers rapides après le pont… ça pousse bien… et ça glisse bien. Difficile de réussir à contrôler la descente…. qui promet d’être agitée. Ça nous donne un aperçu de ce que nous aurions pu avoir au départ du ruisseau de Marta, sauf que là-haut, le débit était encore plus fort, et les passages plus resserrés… ça ne serait pas passé. Trop risqué. Voilà ce qu’on se dit (et ce n’est pas seulement pour se consoler…).

Le temps de s’habituer et ça devrait aller mieux. Mais il ne faut pas trop hésiter dans les passages étroits car on se retrouve vite submergé par l’eau qui nous “dégage” vers le bas. La réception n’est pas toujours maîtrisée et on prend quelques coups. Mais la néoprène amortit les chocs. L’eau est quand-même assez fraîche et je la sens bien avec mon polo de 2.5mm d’épaisseur… C’est supportable, quand-même.

À l’endroit où nous avons perdu la corde l’année dernière, je scrute minutieusement le fond du bief, mais je ne vois aucun reflet rose qui indiquerait sa présence. Soit elle est partie plus bas, soit quelqu’un l’a trouvée, soit… je ne sais pas… Mais, en tout cas,nous ne la retrouverons pas.

Nous arrivons à la cascade de tuf, lieu du rendez-vous avec Evy vers 13 heures. Il n’est pas là, mais c’est normal. On va attendre un peu. Il doit être plus bas dans la Bendola. Après une demi-heure d’attente je propose qu’on descende un peu pour aller à sa rencontre. Alors qu’on repart, on l’aperçoit derrière nous qui fait des grands signes… En fait, il était dans l’affluent de la cascade de tuf.

Nous mangeons un morceau ensemble, en profitant du soleil, qui est encore là. Étonnant, non ?

Evy ne descendra pas avec nous. IL va remonter le vallon de la cascade de tuf et reprendra le sentier emprunté à l’aller. Nous convenons de nous retrouver à la sortie, après le pont du Castou.

La descente continue et on s’habitue au débit d’eau. Mais pas aux glissades qui surviennent souvent…

Je remarque que la profondeur des biefs a bien diminué. Il y a de moins en moins de passages où l’on est obligé de nager. J’avais déjà eu cette impression l’année dernière mais j’avais mis cela sur le compte du débit d’eau plus faible que les autres années, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les crues ont charrié les cailloux qui comblent progressivement les biefs. Mais ça peut vite se modifier. Une ou plusieurs grosses crues peuvent “dégager” les cailloux et créer des amoncellements qui feront barrage et augmenteront le niveau d’eau des biefs.

En tout cas, les orages de ces derniers temps ont provoqué des glissements de terrain. Des arbres tombés ont obstrué plus ou moins partiellement le passage et il faut se faufiler pour réussir à avancer.

Nous arriverons au pont du Castou vers 17h30. En décomptant le temps d’arrêt à attendre Evy et le repas, nous aurons mis plus de 3h30. Un peu plus long que d’habitude. Probablement à cause du débit qui nous a obligé à prendre plus de temps pour rechercher les passages les moins risqués.

Nous mettrons environ 1h et quart pour le retour par la piste. Même si le ciel bleu s’est peu à peu couvert, nous n’aurons pas eu d’orage, ni de pluie. Sympa. Ça change.

Alors cette Bendola 2023. Que peut-on en dire ?

  • Et bien, tout d’abord, grosse déception, évidemment. Qui ne serait pas déçu ?
  • A-t-on pris la bonne décision ? Question embarrassante. Si on avait choisi l’autre option, ça serait plus simple. On saurait si c’était la bonne décision … ou pas. Mais là, on ne peut pas savoir.
    Comme je l’ai souvent dit, le cerveau n’est pas fiable au niveau des souvenirs. Il a tendance à « gommer » et « édulcorer » certains ressentis. Je me demande assez souvent si nous n’aurions pas pu faire la descente.
    Après coup, sachant qu’il n’a pas plu le jour où nous sommes repartis, nous aurions pu attendre une journée (mais ça nous faisait quand même perdre la journée de sécurité…). Le lendemain, le débit aurait baissé, c’est certain. Dans la partie sèche, je pense que nous n’aurions pas été embêtés par la forte pluie qui est tombée (mais ce n’est pas certain).
    Trop facile ! on ne peut pas raisonner comme cela. Il faut considérer les choses au moment où nous avons dû prendre la décision. Et donc, compte tenu de ce que nous avions devant les yeux et de ce que nous savions du canyon, c’était la bonne décision. En tout cas, du point de vue de la sécurité, au moins.
  • Le retour n’a pas été facile, psychologiquement parlant. Nous avons réussi à trouver un cheminement dans le bois de Chiay, pour rejoindre le GR52A. Et ça c’est une bonne chose. Depuis le temps que je voulais trouver un tracé « fiable »…
    Mais je ne suis pas sûr de vouloir passer par le bois, s’il y a une nouvelle Bendola bien entendu…. Ça nous prive de la vue exceptionnelle quand on arrive sur la crête d’Anan, ce qui est bien dommage.

Il faut maintenant attendre 2024. Ça va être long… et surtout, est-ce que je pourrai encore le faire ?

Rendez-vous dans 11 mois pour en avoir une idée plus précise…