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La montée
>Photos<
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Compte rendu
Vendredi 18 et samedi 19 juin : 950 km pour atteindre Saorge
Trajet en passant par Grenoble, Sisteron, Digne les Bains et arrêt au bord de la N202, un peu avant Entrevaux. Le lendemain, pour contourner Nice, nous prenons les petites routes tortueuses en passant Contes, L’Escarène, Sospel, Breil sur Roya. A Saorge, nous retrouvons Evy, un autre amoureux de la Bendola, mais qui ne pratique pas le canyoning. Il montera, avec Elisabeth et moi, au départ du canyon et fera également avec nous, la partie basse de la Bendola, à partir du Pont de la Baragne.
Dimanche 20 juin : Départ pour la montagne. Entrée en matière et bivouac à la Fontaine de la Pinée
Départ à 13h45, après avoir laissé les véhicule au bord de la Roya car le stationnement est interdit aux camping-cars sur les 2 nouveaux parkings aménagés par la nouvelle municipalité de Saorge… Merci pour l’accueil chaleureux…
Le ciel est bien couvert. Nous allons certainement être rincés. Espérons simplement que ça se dégagera ce soir car la perspective de passer la nuit sous la pluie n’a rien de réjouissant.
Arrêt au monastère de Saorge pour se désaltérer à la fontaine (profitons-en tant que c’est encore autorisé…). Nous repartons aussitôt en empruntant le GR52A que nous suivrons jusqu’à la Baisse d’Anan. Nous prendrons la variante qui passe par la ferme de Peïremont où j’avais rencontré plusieurs chiots Border Collie, l’année dernière. La pluie commence à tomber quand nous y arrivons. Nous prenons quand même le temps de discuter un peu avec la jeune fermière. Evy va même l’aider à tirer la bâche qui lui sert à renter le foin dans la grange. Sympa Evy 😉
On va s’abriter un peu sous un échafaudage en attendant la fin de l’averse qui ne tardera pas. Un quart d’heure plus tard nous pouvons repartir et continuer notre montée jusqu’à la Fontaine de la Pinée où nous passerons la nuit. Il est 17h30 quand on entend le doux chantonnement de l’eau qui s’écoule de la fontaine.
Petite journée aujourd’hui : nous avons parcouru à peine 3 km pour 400m de dénivelé. Mais c’est toujours ça de gagné pour demain, et puis, c’est bien agréable de se retrouver ici et de passer la nuit à la belle étoile (s’il y en a).
Le bivouac sommaire sera vite installé. Le ciel est encore couvert mais semble se dégager de plus en plus. Nous ne monterons pas les abris afin de gagner du temps demain matin car il faudra partir tôt.
Le réchaud à bois est utilisé pour faire chauffer l’eau du repas, et en attendant, nous dégustons l’excellent apéro préparé par le frère d’Evy.
Une fois le repas pris en admirant le paysage, suivi d’un café appréciable, nous rejoignons nos duvets. J’ai mis l’alarme de ma montre à 4h20, pour partir à 5 heures… C’est beau l’optimisme…
Lundi 21 juin : Les choses sérieuses commencent. Accès au départ du canyon sous le Balcon de Marta. Second bivouac
Après une nuit calme mais courte, le réveil sonne à 4h20, comme prévu. Mais il fait encore nuit car le ciel est bien couvert et la vallée de la Roya est noyée dans la brume. Je reporte le réveil de 5 minutes et encore 5 minutes… jusqu’à 5 heures… Cette fois il faut sortir des sacs de couchage et tout remballer car nous avons une longue journée devant nous. Nous ne prenons même pas le temps de préparer un café. On verra ça à la bergerie d’Anan.
Il est quand même 6h30 quand nous repartons sur le GR52A. Le sac est bien lourd… Evy, lui, court comme un cabri, d’après Elisabeth. Pour nous c’est plutôt la démarche pachyderme… Mais rien ne sert de courir. Il vaut mieux ménager sa monture car nous ne sommes qu’au début d’un chemin difficile et qui le sera de plus en plus. Heureusement, nous avançons encore à l’ombre. Le ciel se dégage et le soleil qui brille ne va pas tarder à chauffer.
Tranquillement nous atteignons le replat de la bergerie d’Anan où nous allons faire une pause pour manger un morceau et prendre le café que nous avons négligé ce matin. Il faut également refaire le plein des gourdes car il n’y aura pas d’autre point d’eau avant d’arriver au bivouac de ce soir, dans le ruisseau de Marta.
Quel plaisir de ne plus sentir le poids du sac peser sur les épaules, mais ça ne durera pas car nous repartons bientôt de la bergerie pour reprendre la montée jusqu’à la Baisse d’Anan.
Le soleil resplendit mais c’est supportable car nous sommes déjà assez haut.
À la Baisse d’Anan, nous sommes à 1555m d’altitude et nous quittons notre “confortable” GR pour grimper les pentes abruptes de la Cime d’Anan. Ici plus de sentier marqué. Il faut monter tout droit, en prenant son temps car la pente est bien raide, surtout que le sac ne nous fait pas de cadeau.
Un peu avant d’arriver au sommet, nous bifurquons vers la gauche pour traverser le bois que nous avons longé jusque-là. À cet endroit les arbres sont plus clairsemés et on progresse facilement jusqu’à rejoindre la crête d’Anan. De l’autre côté, c’est le profond vallon de la Bendola, aujourd’hui presqu’entièrement noyé dans la brume. Un vent fort ramène les nuages sur nous et il nous faut avancer parfois dans une véritable purée de pois. Les pentes caillouteuses recouvertes d’herbe plongent vers la rivière que nous surplombons de plus de 1000m. Nous allons suivre tranquillement la crête pendant un moment et, même si ça grimpe encore un peu, c’est relativement reposant.
Nous arrivons bientôt à un passage compliqué où il faudra faire preuve de prudence. Nous devons gravir les pentes escarpées d’un sommet qui nous amènera (façon de parler) à 1882m d’altitude, avant de pouvoir retrouver un semblant de cheminement plat. Tout d’abord, une vire descendante avec quelques passages délicats à désescalader. Nous longeons le vide rendu plus impressionnant par la présence de la brume épaisse. Après cet obstacle il faut choisir : continuer à longer une vire, ou réaliser une escalade juste en bordure de la crête qui domine des falaises de plusieurs centaines de mètres de hauteur. En 2016, j’avais évidemment choisi de continuer la vire, mais c’était la mauvaise solution car la suite était très escarpée et dangereuse (je suis d’ailleurs tombé en arrière dans le dévers et ça aurait pu mal finir si je n’avais pas réussi à agripper une touffe d’herbe pour arrêter ma descente vers le fond du vallon). Donc je suggère que nous attaquions l’escalade… peu engageante, il est vrai. Ma suggestion ne déclenche pas l’enthousiasme général (c’est un euphémisme) et je dois faire preuve de “pédagogie” pour convaincre. Pédagogie par l’exemple, en l’occurrence : j’attaque la montée pour voir si ce n’est pas trop dur et risqué. Certes, le vide n’est pas très loin mais nous en sommes raisonnablement éloignés, et il y a beaucoup de prises solides et stables. Le poids du sac est bien sûr handicapant et il faut avancer prudemment, mais ça monte bien, sans danger “objectif” comme je devrai le souligner à plusieurs reprises…
Le passage délicat franchi, nous continuons à gravir le sommet, sans difficulté autre que la pente bien raide. Ça y est, nous sommes haut et pouvons maintenant longer simplement la crête un petit moment. Le vent souffle de plus en plus fort et rabat la brume sur nous. Ce n’était pas le moment car nous devons trouver le bon endroit pour quitter les crêtes afin de nous engager le long des pentes escarpées de la Pointe de Lugo. Pas de trace de sentier. Il faut distinguer dans la brume le meilleur passage à prendre, en essayant de conserver la même altitude. La progression est difficile dans ce dévers et la fatigue pèse de plus en plus.
Nous arrivons enfin à la Baisse de Chiay balayée par le vent et les lambeaux de brouillard qui tournoient au-dessus de nous. La suite est vite trouvée malgré la faible visibilité, et nous reprenons la montée, la dernière du parcours qui nous conduira à la Baisse de Pourtiguère où nous ferons une courte halte à l’abri du vent.
Dernier tronçon du parcours, et certainement pas le plus facile car, comme sous la Pointe de Lugo, il faut longer les pentes de l’imposant Balcon de Marta. Pas de sentier non plus et il faut, le temps que le brouillard est moins dense, distinguer le bon passage. Heureusement je suis déjà passé ici à 6 reprises entre 2004 et 2020 et je peux “deviner” le passage, enfin quand on y voit quelque chose…
Entre 2 passages de brume, le dernier vallon à franchir est en vue. Il est facilement reconnaissable car un de ses versants et couvert de mélèzes. La fin est proche… mais il faudra quand même encore au moins 1 heure avant de pouvoir patauger dans le ruisseau de Marta.
Tout le monde en a marre. Moi je sais qu’il faut encore du temps et qu’il reste plusieurs passages difficiles à franchir, mais ceux qui ne le savent pas ont le sentiment d’être arrivés, ce qui est d’autant plus dur lorsqu’un obstacle se présente et qu’on a l’impression de ne pas avancer. Qu’il reste tant à faire encore…. On VEUT que ça finisse… tout de suite…
Enfin après une descente très escarpée et rendue glissante par le brouillard, on entend, puis on voit l’eau qui coule tout en bas. Ça y est, c’est la fin…presque… car il faut avancer encore un peu pour rejoindre l’endroit du bivouac, au pied d’une succession de petits ressauts.
On pose enfin les sacs. Quel bonheur !
Reste à installer le bivouac, manger et seulement après, déguster la position allongée… jusqu’à demain.
Il est quand même 19h20. Nous aurons pris 12h45 pour faire les 9 km et 1200m de dénivelé positif. C’est beaucoup, mais les passages difficiles ont pris beaucoup de temps et la progression dans le brouillard n’a pas vraiment aidé.
Un peu de terrassement pour préparer un sol à peu près plat. Ça ne sera pas très difficile, fort heureusement car il y a surtout des herbes et plantes à dégager, ainsi que quelques pierres, quand même.
On montera les abris cette nuit car le ciel est couvert et ce serait trop bête de devoir se lever en pleine nuit pour le faire sous la pluie. Evy a un peu de mal à stabiliser son tarp et c’est la 1ère fois que je monte le nouvel abri pyramidal que j’ai construit, donc il faut un peu de temps. Elisabeth collecte le bois pour allumer un feu destiné à faire chauffer l’eau pour préparer les plats lyophilisés du soir.
Le diner sera avalé rapidement, ainsi que le café. La suite sera simple : dodo, à l’unanimité.
Mardi 22 juin : La partie sèche de la Bendola. Bivouac avant la cascade de 45m
Après une nuit bien reposante, nous sortons des abris vers 6h30. La journée s’annonce agréable. Le soleil brille dans un ciel uniformément bleu. Le vent est toujours présent mais plus modéré que la veille. Ça sera bien pour passer la partie sèche qui est toujours exténuante quand il fait chaud.
Il faut tout remballer, et protéger de l’eau ce qui doit l’être car il y a des passages mouillés à franchir. Le plus long sera de préparer les sacs étanches en les fermant à double tour avec du scotch d’emballage. 5 sacs à fermer, et ça nous prendra un temps infini. Nous ne réussirons à partir que vers 11h30 !! En étant debout de puis 6h1/2….
C’est ici que nous allons quitter Evy qui va redescendre à Saorge en attendant vendredi. Il n’est pas chaud pour reprendre le chemin que nous avons pris en montant, et c’est plus prudent en effet. Il remontera le vallon de Marta jusqu’aux casernes et prendra la piste qui mène à La Brigue, puis Fontan et Saorge. Ça, c’est la théorie. En pratique, il n’est pas monté jusqu’aux caserne car il a trouvé un chemin qui partait à droite pour rejointe une piste qu’il a continué, continué…. En oubliant de prendre à gauche vers La Brigue. Le prochain village est Monesi, en Italie, 30km plus loin que la bifurcation qu’il a loupée….
Heureusement, il a été remis dans le droit chemin par des carabinieri (gendarmes italiens) qui passaient par là. Après tout c’est un peu leur rôle, de remettre les gens dans le droit chemin, non?
Après un autre bivouac dans la montagne, il a rejoint La Brigue après un long long parcours. De là, il a pu descendre à Fontan en véhicule, puis Saorge…
Pour Elisabeth et moi ça sera “un peu différent”. Pas de risque de se tromper de chemin… on suit la descente jusqu’à Saorge après 16 000 m de parcours souvent difficiles et éprouvants, mais magiques…
Evy nous regarde partir. Le début est déjà corsé. Il faut passer par une corniche glissante qui amènera en bas d’une cascade de 8 mètres. Pour la suite, il faut rester en hauteur et avancer comme des chamois sur des vires caillouteuses et glissantes (mais les chamois ne se trimballent pas avec des sacs sur le dos), jusqu’à la 1ère vasque bien froide qu’il faudra traverser à la nage : ça refroidit.
Voilà, maintenant nous sommes dans le bain !
Le ruisseau coule bien, mais moins que l’année dernière, me semble-t-il. Pourtant nous sommes à la mi-juin et en 2020 j’étais venu une semaine plus tard.
La progression est glissante dans le cours d’eau et il faut essayer, le plus possible de prendre appui sur la roche sèche.
1er rappel obligatoire depuis notre départ du bivouac. Une douzaine de mètres avec arrivée dans une large vasque.
2 broches servent d’amarrages, comme pour la plupart des rappels de moins de 15m. Une des 2 broches est complètement pliée et inutilisable. Pourtant, c’est de l’acier inox de 12mm de diamètre, à vue de nez. C’est dire la violence du choc qui a provoqué cela. Probablement un bloc de pierre emporté par l’eau lors de la crue.
Des herbes et feuilles sèches encombrent entièrement les trous des broches, signe que nous sommes les premiers à faire la descente depuis la crue. Nous en aurons d’autres confirmations plus bas sur les broches et chaines des autres rappels.
Nous utiliserons donc une seule broche pour y passer la corde, mais aucun souci car elle largement dimensionnée pour tenir (enfin, c’est ce qu’il vaut mieux se dire…).
En début d’après-midi, le ciel se couvre peu à peu et la brume réapparaît progressivement sur les sommets.
La partie sèche se passe tranquillement car il ne fait pas chaud, comme nous le supposions ce matin, d’autant que le soleil est parfois caché. C’est parfait.
Les quelques vasques à traverser sont moins engageantes que l’année dernière où elles étaient alimentées par l’eau courante, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
On trouve de plus en plus de détritus qui parsèment la partie haute de la Bendola. Il y a “toujours” eu des restes de bobines de fil barbelé à certains endroits, mais ils sont rouillés, lissés par l’eau et font “presque” partie du canyon. Mais maintenant on trouve, en plus, des morceaux de bâches, des tuyaux noirs en plastique utilisés pour l’alimentation en eau et, depuis cette année, des morceaux de cabane en polyester parsemés tout le long, jusqu’à la résurgence, avant la cascade de 40m. Je sais très bien d’où viennent ces restes : les bergers ont installé une horrible station de pompage en haut d’une cascade située en amont de l’endroit où nous avons installé le bivouac hier soir, et cette cabane abritait une des pompes…
C’est vraiment dramatique de voir ce site naturel fantastique et sauvage de plus en plus dégradé. Ça me désole profondément.
On voit également, tout au long de la partie sèche des amas de branches, de troncs d’arbres enchevêtrés par la force de l’eau et coincés dans un rétrécissement ou entre des blocs. Mais là, c’est naturel et ça ne défigure pas l’authenticité du lieu…
En tout cas, on voit bien qu’il y a eu beaucoup d’eau, mais pas nécessairement beaucoup plus que lors des crues annuelles. Il y a bien eu quelques glissements de terrain, mais rien de vraiment important.
Nous faisons une pause déjeuner vers 14h30. le ciel est toujours couvert mais il n’y a pas de menace d’orage, pour l’instant en tout cas.
Nous atteignons le lieu du bivouac au niveau de l’affluent qui vient en rive gauche, un peu avant le rappel en surplomb qui précède la cascade de 45m. Nous nous installerons un peu plus bas que l’endroit où j’avais dormi l’année dernière car ça a été un peu “bousculé” par la crue. Et puis il fait plus clair ici car il n’y a pas d’arbres directement au-dessus, et puis nous serons plus près pour aller chercher l’eau.
Il faudra faire quand même un peu de terrassement pour obtenir un emplacement à peu près horizontal. Nous devons également trouver du bois pour faire un feu, et remplir les gourdes d’eau. Heureusement, à 2 c’est plus facile. On peut se répartir les tâches et c’est bien plus simple.
Le ciel est bien dégagé et nous prenons le risque de ne pas installer l’abri…
Nous terminerons le repas un peu avant la tombée de la nuit, qui s’annonce plus calme que la veille car il n’y a pas de vent. Même s’il ne fait très chaud, ça devrait bien aller avec le duvet et le sursac.
Mercredi 23 juin : La cascade de 45m et le passage du Chaos. L’eau retrouvée. Bivouac à la Résurgence.
La nuit a, en effet, été calme et tempérée, et oh miracle, j’ai réussi à dormir au moins 5 heures de suite. Une première pour moi dans la Bendola.
Nous sortirons des sacs de couchage vers 7 heures. Le ciel est bien dégagé et un petit vent frisquet descend le vallon. Après le petit déjeuner indispensable, nous commençons le démontage du bivouac et le rangement des sacs.
Comme la veille, la préparation des sacs étanches nous prendra un temps infini et nous partirons encore fois vers 11h30… sous le soleil.
1er rappel de 16m délicat, avec départ en surplomb et arrivée dans une vasque profonde bien fraiche. La suite se descend en désescalade, mais avec les sacs un peu volumineux c’est un peu limite. Alors autant placer un rappel, ça sera plus facile.
La suite est un passage glissant en toboggan, mais sans vasque en bas… il faut donc descendre en faisant attention à ne pas glisser. J’arrive au milieu du ressaut lorsque je m’aperçois qu’il me manque mon tube étanche dans lequel j’ai du matériel vidéo et notamment une caméra. J’ai dû l’oublier avant la descente du rappel précédent. Mais voilà, je ne pourrai pas remonter car c’est trop glissant. Elisabeth va grimper pour le récupérer. Ce qui lui prendra un certain temps. J’attends au milieu de la descente glissante, à peu près calé contre la paroi, lorsque je sens quelque chose qui me gêne au niveau du cou. ?? Je m’aperçois que c’est la sangle de mon tube étanche… qui s’est glissé entre le sac et mon dos, surement lorsque je suis sorti de la vasque au pied de la cascade en surplomb… Elisabeth revient peu après, dépitée, en me disant qu’elle ne l’a pas trouvé. Et pour cause… il était dans mon dos… Enfin, il n’est pas perdu et c’est mieux ainsi. Désolé pour la remontée inutile…
Allez, on continue la descente. En bas, nous arrivons au pied d’un immense bloc qui barre le passage. À gauche, un affluent coulait bien fort l’année dernière, mais aujourd’hui il est complétement sec. Nous passons le bloc par la droite pour arriver au départ du toboggan de 20 m qui se jette dans la cascade de 45m. Petit pincement au cœur et nous scrutons depuis le haut, avec angoisse, le départ de la cascade de 45m pour voir si les amarrages sont encore là car il sont fortement exposés en cas de grosse crue. Mais d’où nous sommes on ne voit pas très bien. La chaîne semble être en place, mais… Il faut descendre pour en être sûr.
Arrivé au départ de la cascade, le nœud à l’estomac se défait : la chaîne et les broches sont bien en place et n’ont pas souffert. Une bonne chose car je n’aurais pas aimé devoir planter des spits ici. J’ai prévu en effet de quoi faire une douzaine d’amarrages. Ça fait 2 kg de plus avec le tamponnoir et la massette, mais c’était nécessaire dans la mesure où on ne connaissait pas l’état du canyon. D’ailleurs, ça servira peut être plus bas car des rappels, il en reste un bon paquet à descendre.
Des feuilles et herbes sèche recouvrent complètement la chaîne et les broches. Il ont donc été entièrement submergés mais aucun bloc n’est venu se fracasser contre. Une chance. À cet endroit, la largeur du passage doit être de 5m de large et les amarrages sont à 1.5m de hauteur. Ça donne une idée du volume d’eau qui est passé ici, alors que nous sommes encore dans la partie sèche du canyon…
Aujourd’hui, il n’y a qu’un filet d’eau qui glisse sur le toboggan pour tomber dans la plus haute cascade du canyon.
Je me suis longé sur la chaîne pour qu’Elisabeth puisse me rejoindre et se longer à son tour sur la chaîne. Nous serons ainsi tous les deux suspendus au milieu de la falaise et il faudra rappeler la corde pour équiper la cascade de 45m. On se sent petits et perdus comme cela.
Il faut être vigilant et ne rien laisser tomber pendant les manœuvres de mise en place de la corde et du dispositif de rappel composé d’un descendeur en 8 et une cordelette de 50m qui servira à tirer la corde. On descendra sur un seul brin de corde, alors que nous descendons sur 2 lors des autres rappels, car notre plus grande corde mesure 51m. La 2ème fait 35m, pour les plus petits rappels en double. Le freinage sera donc limité, surtout avec le poids du sac, et il faudra donc veiller à ne pas prendre trop vitesse si on veut pouvoir contrôle sa descente, sinon… on s’éclate en bas sur les cailloux parce qu’il n’y a pas de vasque en bas de la 45.
Elisabeth n’a pas l’air très rassurée en me regardant préparer le rappel de corde. Allez savoir pourquoi 😉
Pourtant je lui explique bien en détails ce que je fais et ce qu’il ne doit surtout pas arriver…
La descente se passera très bien pour tous les 2 et le rappel de la corde se fera facilement, comme l’année dernière. Impeccable !
Le ciel est couvert maintenant et on peut craindre la pluie. J’équipe la descente qui arrive dans la vasque qui suit la 45m, appelée vasque du rat mort, depuis l’année où un cadavre de rat surnageait dans la vasque, à l’endroit où on arrivait dedans…
Mais aujourd’hui, il n’y a rien. L’eau est bien claire, contrairement à certaines années, mais la vasque est quand même bien sombre car bien encaissée entre les parois, et le ciel gris foncé renforce l’aspect lugubre de l’endroit. Il faut ensuite s’extirper de cette grosse baignoire, ce qui n’est pas toujours évident. Mais là, ça va bien car les prises ne glissent pas.
Un autre rappel de 18m, juste après, aboutit également dans une longue vasque. Il fait presque nuit tellement les parois sont resserrées. Un rayon de soleil serait vraiment le bienvenu. Mais non, rien du tout.
Nous arrivons bientôt dans le chaos constitué d’énormes blocs, et il faut trouver le bon passage. À 2 c’est plus facile puisque chacun peut aller voir d’un côté. Plusieurs rappels sont installés en utilisant les arbres qui ne manquent pas dans cette partie. Ça évite de faire des désescalades hasardeuses.
Pause déjeuner vers 15 heures. Nous ne sommes plus très loin du lieu du prochain bivouac, après la résurgence. Quelques gouttes viennent nous rafraîchir, mais fort heureusement, la pluie s’arrêtera très vite.
Après ce petit arrêt, nous devons descendre une verticale de 18m qui aboutit dans une vasque suspendue au-dessus d’un autre rappel à franchir. Je traverse la vasque et, à l’autre bout un gros rocher obstrue presqu’entièrement la sortie. Il faut s’insinuer dans un passage bas, sous ce rocher. Elisabeth descend le rappel pendant que je passe sous le bloc. Après être passé, je vois en me retournant, un magnifique serpent qui se prélassait sur une pierre située sous le gros bloc. Une belle couleuvre noire et jaune de plus d’un mètre de long et de plusieurs centimètres de diamètre. Superbe. Je n’ai pas le temps de sortir la caméra. Elle glisse avec grâce sur la pierre et, après m’avoir fait savoir avec sa langue fourchue que je l’avais dérangée, elle s’enfile dans la vasque pour se cacher je ne sais où. Cette incertitude n’est pas du goût d’Elisabeth qui, du coup, ne veut pas s’engager sous le gros bloc (peut-être pour ne pas effrayer le serpent ?).
Mais il n’y a pas d’autre passage et elle finit par s’engager sous le rocher coincé… bien à contrecœur, toutefois, et en surveillant le moindre mouvement qu’il pourrait y avoir dans l’eau. Mais rien ne bouge et le danger est écarté 😉 pour cette fois…
Encore quelques descentes et voilà la grande dalle inclinée sur surmonte la résurgence.
Rappel de 10m est nous arrivons dans une vasque limpide alimentée par l’eau de la résurgence qui débite bien moins que l’année dernière, quand même.
Le soleil est revenu en même temps que l’eau et ce n’est pas pour nous déplaire. Il faut avouer que la perspective d’installer le campement sous la pluie ne nous emballait pas plus que ça.
Une grande descente le long des strates de roche inclinées et nous sommes tout près de l’arrivée. Une odeur de plus en plus forte nous accueille à l’endroit du bivouac. Un cadavre de chevreuil ou de chamois est dans un état de décomposition bien avancé et l’odeur et difficilement supportable. Je vais voir un peu en arrière car on ne peut pas aller plus bas puisque c’est une succession de verticales dont la cascade de 40m, et il n’y a aucun emplacement pour installer un bivouac avant plusieurs heures . Mais c’est la même chose, l’odeur est également bien présente et en plus, l’endroit n’est pas très pratique.
Il faudra donc se résigner à cohabiter avec cette odeur. Heureusement, elle ne se fait pas sentir en permanence. Ça dépend des mouvements d’air.
On va donc préparer le bivouac à l’endroit habituel. Il y a pas mal de terrassement à faire, la crue ayant tout retourné. Une grosse branche du bel arbre, que j’ai vu poussé depuis plus d’une trentaine d’années, qui mesurait au moins une dizaine de mètres de longueur a été cassée et elle ne fait plus qu’à peine 2 mètres. Mais l’arbre a quand même bien résisté malgré la puissance de l’eau qui est passée ici. Il faut dire qu’il est quand même habitué aux crues, cet arbre.
Pendant que je nivelle la plateforme de couchage, Elisabeth va chercher de quoi faire du feu. Il n’y a pas beaucoup de bois mort mais on aura quand même de quoi faire le repas ce soir et le café de demain matin.
Il a fallu enlever un gros bloc pour avoir suffisamment de place pour le couchage et ça a pris un peu de temps.
Le ciel est bien dégagé maintenant et, une fois de plus, nous ne monterons pas l’abri (quitte ou double)…
Nous installons le feu au pied d’un gros bloc qui nous abritera un peu de l’odeur, moins persistante quand même au fur et à mesure que le jour baisse.
La nuit sera tranquille et l’odeur disparaîtra même totalement.
Jeudi 24 juin : La cascade de 40m. Biefs et cascades sous le soleil. Bivouac au passage des Strates
Lever à 6h30 car la journée sera longue. Il fait un peu frais avec le petit vent qui descend le vallon. J’enfile mon poncho de survie. Puisque je l’ai porté, autant qu’il serve… Elisabeth est plus courageuse et elle s’en passera.
Le ciel est bien dégagé, comme hier et avant-hier. La “bête” n’est pas encore réveillée… nous ne sommes pas incommodés par l’odeur. On ne s’en plaindra pas.
Il faut tout remballer et, une fois de plus, nous mettrons beaucoup de temps à scotcher les sacs “étanches”. Il faut faire cela bien, car nous progresserons une grande partie du temps dans l’eau, aujourd’hui.
Nous réussirons à partir plus tôt qu’hier… 11h15… nous avons gagné un quart d’heure… Il est temps de décoller car la “bête” est réveillée et les effluves désagréables se font plus insistantes.
Une petite désescalade-glissade pour commencer. Comme c’est un peu délicat avec les sacs bien chargés, je préfère tirer un rappel à partir d’un arbre.
En bas, un autre rappel à installer. Une des 2 broches est complètement pliée, mais je crois qu’elle l’était déjà l’année dernière. Il faut dire qu’elle est en plein dans le passage de l’eau. On descendra donc en utilisant un seul amarrage…
Une cascade de 20 m fait suite. En regardant en bas de la verticale, je vois qu’il y a également un animal mort. En arrivant au-dessus, je reconnais un chamois qui a dû tomber depuis peu.
Nous arrivons peu après en haut du toboggan de 20m qui arrive dans une belle grande vasque profonde. Nous aurons la chance de la voir éclairée par les rayons du soleil. Finalement ce n’était pas si mal de partir tard…
Nous profiterons de cette chance. Après cette superbe vasque, nous arrivons en haut de la cascade de 40m, également magnifiquement illuminée par le soleil.
Les amarrages n’ont pas souffert, mais je ne m’en inquiétais pas trop car il ne sont pas dans le passage de l’eau, donc pas trop de risques qu’ils soient endommagés.
Le rappel installé, je commence la descente de la 40m. J’apprécie la vue plongeante sur la grande vasque profonde en bas, qui a pris une belle couleur émeraude avec la lumière éclatante du soleil.
Tellement occupé à admirer les alentours, je néglige de surveiller le bon déroulement de la cordelette de rappel. Je sens une résistance et je force pour pouvoir continuer. Le temps que je me rende compte que la cordelette est emmêlée et je me retrouve suspendu par le petit sac de nylon qui la contient. Evidemment, celui-ci ne résiste pas et je tombe…d’un mètre ou 2 seulement, mais avec l’élasticité de la corde, la sensation est plutôt désagréable. Une petite dose d’adrénaline, mais plus de peur que de mal, et je rentre ensuite dans la vasque pour enlever mon descendeur et traverser la vasque à la nage.
C’est au tour d’Elisabeth de glisser le long de la corde et en la voyant si petite sur la paroi, on se rend mieux compte de la hauteur de cette superbe cascade.
Nous rappelons la corde, sans difficulté, et nous pouvons continuer notre progression dans la rivière. Le soleil est de la partie et la température est bien agréable. Peu après la cascade de 40m, un autre animal mort gît au pied d’un falaise… décidemment, il y en a beaucoup par rapport aux autres années. Il est probable que les parois du canyon aient été déstabilisées par les fortes pluies lors de la tempête Alex et les pauvres animaux se font prendre en cavalant sur des corniches rendues instables.
Descentes en rappel, traversées de biefs étroits et profonds, franchissement de vasques profondes, marche en rivière… la progression est soutenue et pas de tout repos, mais, quel émerveillement. Je ne m’en lasserai jamais, je pense. En tout cas, je l’espère.
Au départ d’un rappel, une autre broche a été endommagée et nous devrons descendre sur un seul amarrage. Plus loin, les 2 broches en haut d’une cascade sont inaccessibles. Elles sont à environ 3 mètres du sol, et pas de prises pour grimper jusque-là. Il devait certainement y avoir un bloc sur lequel on montait pour équiper le rappel, mais, disparu… emporté par la crue ! Tout seul, çà aurait été gênant. Obligé de planter 2 spits ou bien j’aurais trouvé le moyen de passer un morceau de cordelette en dyneema autour d’un bloc, à l’ancienne… Pas très “sécurit” mais plus rapide que de taper des spits… Mais bon, nous sommes deux et donc, ça sera simple, rapide et sécurit : je fais la courte échelle à Elisabeth qui pourra passer la corde dans les 2 broches. Et voilà, le tour est joué…
Le ciel se voile progressivement et les cascades se font plus tristounettes, les biefs deviennent austères et sombres, entourés de hautes falaises dont on ne distingue pas le haut. Et puis, il commence à être tard, la fatigue se fait bien sentir.
Nous arriverons à la vasque en cœur sous un ciel gris. Il faut compter encore au moins 1h30 avant d’arriver au bivouac des strates.
Le jour décline fortement quand nous y arrivons et au fond du canyon, il fait déjà sombre. Il faut se dépêcher si on veut installer correctement le bivouac avant la nuit. Heureusement, le sol ira vite à niveler et le bois mort ne manque pas. Encore un fois, on ne montera pas l’abri. C’est plutôt risqué car le ciel est couvert, mais, il va bientôt faire nuit, et la fatigue qui s’est invitée ce soir nous chuchote de prendre ce risque. On va l’écouter, même si elle n’est pas souvent de bon conseil.
Ça fait du bien de se poser, d’être au sec et de manger. Les spaghettis à la bolognaise sont plutôt bons. Ça tombe bien, parce que nous en avons mangés 5 soirs de suite… alors autant qu’ils soient appréciables…
J’ai soif, et une bonne rasade de boisson à l’antésite passera très bien avec les pâtes. Je n’en pas encore bu depuis que nous sommes partis de Saorge. “Tu veux bien me passer l’antésite s’il te plaît, Elisabeth ?”. J’entends le bruit caractéristique des bidons qu’on fouille, mais rien ne vient. On fouille tout autour, mais il faut se rendre à l’évidence : le flacon d’antésite n’est pas descendu avec nous. Il a probablement dû se cacher sous une pierre à un des bivouacs plus haut. Depuis le temps qu’il m’accompagne et que je l’oblige à sortir de la Bendola pour aller croupir dans la cave pendant un an, il a décidé de rester dans le canyon. Je ne peux pas l’en blâmer en tout cas.
Tant pis, on se contentera de l’eau au goût de chlore…
Nous boirons le café du soir à la nuit tombante, et pas besoin de se faire prier pour “sauter” à pieds joints dans le duvet. Il fait bon être allongé et le matelas pneumatique remplit bien son rôle : aucun caillou ne vient taquiner la colonne vertébrale. J’ai du mal à imaginer l’époque où on “dormait” à même le sol, et sans duvet… C’est beau le progrès, parfois.
Avant de sombrer dans le “plus ou moins sommeil” (ça dépend de chacun) nous apprécions cet environnement unique, bercés par le bruit de la rivière qui coule à quelques mètres en contrebas et le crépitement du feu de bois qui éclaire le feuillage des arbres qui devront nous protéger, s’il se met à pleuvoir (mais je ne suis pas sûr qu’ils soient vraiment performants pour cela).
C’est notre dernière nuit dans la Bendola, et ça me rend triste, comme à chaque fois. Demain nous aurons retrouvé la civilisation, et l’avenir qui se dessine apparaît bien plus sombre et inquiétant encore que le plus profond des biefs encaissés, à la tombée de la nuit au mois de décembre…
Pas de bal des lucioles ce soir (couvre-feu oblige), contrairement à l’année dernière où j’ai pu assister à un véritable festival de clignotements. Nous nous endormirons dans la nuit noire, sans aucune étoile, avec seulement les dernières lueurs des flammes qui, bientôt, nous quitteront.
Vendredi 25 juin : dernière journée. La rivière et les encaissements de la partie basse de la Bendola.
C’est la dernière ! Alors il faudra bien en profiter car qui sait si nous reviendrons un jour ?
Nous avons eu de la chance, pas une goutte de pluie cette nuit et le ciel est entièrement bleu ce matin, enfin le morceau que l’on peut voir parce que, dans un canyon c’est seulement une petite partie qui est visible.
Il ne faudra pas trop traîner car nous avons rendez-vous avec Evy au Pont de la Baragne entre 14 et 16h. Si nous ne sommes pas là à 16h30 maxi il fera la descente sans nous pour ne pas se retrouver encore dans le cayon à la nuit.
Nous réussissons l’exploit de partir à … 10h15… on commence à devenir bons. Dommage que ce soit à la fin…
Nous progressons sous le soleil. La rivière est magnifique, l’eau aux reflets bleutés est toujours d’une incroyable limpidité. Cette nuit nous a permis de bien récupérer et nous avançons bien. Un arrêt dans une vasque profonde de temps en temps pour se rafraîchir et nous repartons, tantôt dans l’eau, tantôt en évitant les passages glissants en jouant à la marelle sur les cailloux qui émergent de l’eau, ou encore en passant sur les rives rocheuses qui accrochent bien.
Nous avancerons tellement bien que je suis surpris d’arriver au bivouac du Requin vers 12h30. Nous avons mis un peu plus de 2 heures alors que certaines fois, j’ai mis jusqu’à 4 heures pour atteindre cet endroit. Nous ferons une pause pour manger un peu. Ça pourrait être utile car la journée est loin d’être terminée.
Finalement, nous arrivons en vue du Pont de la Baragne à 14h15. Evy est arrivé depuis une 1/2 heure seulement. Quelle synchro !
Un petit arrêt pour que nous échangions sur le déroulement de ces quelques jours où nous avons été séparés. Evy nous raconte ses péripéties pour rejoindre Saorge, il y 4 jours… déjà… comme d’habitude, on ne voit pas le temps passer.
Le Pont de la Baragne est encore en place, mais pas vraiment à sa place normale : les deux grosses poutres qui enjambent la Bendola 5 mètres plus haut ont été déplacées d’au moins 2 à 3 mètres dans le sens de la vague d’eau qui a déferlé ( la largeur à cet endroit doit être d’une quinzaine de mètres pour une hauteur de 5 m (et le pont a été submergé…). Les traverses qui permettaient de franchir le pont ont toutes été déclouées par la pression de l’eau. Bref, il n’est plus utilisable.
Bon, ça ne nous dérange pas trop parce que nous, nous avançons dans la rivière…
Plusieurs glissements de terrain ont eu lieu un peu après le pont. Quelques gros blocs sont tombés dans le cours d’eau. Beaucoup de branches et de troncs d’arbres charriés par la crue mais aucun barrage, comme on aurait pu le craindre. Quelques biefs ont changé quand même : certains ont presque été comblés par les graviers alors que d’autres se sont surcreusés.
En définitive, la Bendola n’a pas vraiment été trop impactée par la crue liée à la tempête Alex. En tout cas rien à voir avec les dégâts provoqués dans la Roya, la Vésubie, ou encore d’autres canyons situés en rive droite de la Roya.
La Bendola est toujours aussi magnifique et sauvage, même sous le ciel qui s’est couvert petit à petit. On apprécie la traversée des longs biefs encaissés, enfin pas tout le monde, car Evy, bizarrement n’a que le pantalon en néoprène. En haut il porte une chemisette à manches courtes qui ne dénoterait pas sur une plage tropicale avec des cocotiers… mais ici… c’est un peu léger. Dommage, car il grelotte dans les longues parties nagées et ça gâche quand même “un peu” le plaisir.
Dans une partie encaissée nous trouverons, à la sortie d’un bief, un tout jeune marcassin qui est probablement tombé d’une falaise et qui a fini sa courte vie dans la rivière. Un peu plus loin, c’est une petite couleuvre bien vivante qui nous accompagnera quelques dizaines de mètres avant de s’enfuir. Bien entendu, nous rencontrerons quelques magnifiques crapauds dont la peau du dos se confond incroyablement avec la roche des parois des biefs. Des milliers de têtards font le bonheur des couleuvres qui s’en régalent et passent le reste du temps à profiter tranquillement du soleil. Aucune libellule, par contre, et c’est étonnant car j’en ai toujours vu dans la partie basse de la rivière.
Nous atteignons le pont du Castou vers 18 heures, avec toujours ce sentiment étrange de soulagement et de nostalgie mélangés que j’ai toujours ressenti en terminant la descente de la Bendola.
Il nous reste la partie la plus désagréable à faire : la piste du Castou qui nous amènera, après 1h20 de marche poussiéreuse, en bas de la Madone de Poggio, au sud-est de Saorge. Nous rencontrerons un jeune berger et son chien qui vivent à la Baragne et nous discuterons avec lui … de la montagne bien sûr. De cette montagne que la Bendola a profondément entaillée et façonnée au cours du temps.
Photos
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L’équipement individuel
Technique :
- Combi néoprène (haut + bas)
- Chaussures + chaussons / chaussettes
- Casque
- Harnais avec longe double
- Descendeur avec mousqueton
- Shunt et pédale
- 1 ou 2 mousquetons supplémentaire
- 1 sac canyon
- 3 bidons étanches
- 2 sacs étanches
Bivouac :
- vêtements secs pour la nuit
- 1 couverture de survie épaisse
- 1 matelas gonflable
- 1 duvet
- 1 sursac de survie
- 1 poncho de survie
- 1 lampe frontale + piles de rechange
- 1 couteau (multi-fonctions)
- 1 gobelet 400 ml environ
- 1 fourchette
- 1 brosse à dents + dentifrice
- PQ
- 1 poche à eau 1 ou 1.5 l + 1 gourde 1 litre
- Pastilles purification eau ou filtre à eau
- 1 ou 2 briquets