Une première : faire la descente de la Bendola en montant à pied depuis Saorge

De 1989 jusqu’en 2003, j’ai fait la descente du canyon de la Bendola 14 fois. A chaque fois, mis à part la première avec Laurent où nous sommes montés à pied depuis La Brigue, nous avons commencé la descente à partir des anciennes casernes. C’est en voiture que nous arrivions au départ et donc nous partions en étant en “pleine forme”…

Je ne sais pour quelle raison, mais j’ai eu envie d’essayer de faire cette fois la descente après être monté à pied, en partant du bas de la Bendola… ça semblait vraiment difficile mais faisable, après réflexion.

Nous étions 3 pour tenter cette expérience un peu folle : Agnès, Elisabeth et moi. Il faut dire, quand même, que les filles étaient plutôt sceptiques mais bon, pourquoi ne pas essayer…

Par où monter ?

2 possibilités : par la rive droite ou la rive gauche ? Finalement j’optais pour la rive gauche.

Il fallait trouver le moyen de monter en étant le moins chargés possible. J’ai donc proposé que nous montions sans le matériel de canyoning et de le récupérer en haut, aux casernes.

Nous avons donc fait un voyage en voiture jusqu’au départ, et les bergers qui vivent près des casernes ont accepté de garder notre matériel de descente.

Une montée bien longue et difficile

Nous avions planté la tente au bout de la piste du Castou (à l’époque, c’était déjà interdit d’aller jusqu’au pont du Castou en voiture, mais bon… s’il le faut, nous payerons l’amende…). Nous sommes partis assez tard du campement (vers 9 heures peut-être). Première grande montée pour rejoindre l’Oratoire de la Madonina à 1015m d’altitude. 600m de dénivelé pour commencer la journée ! Col du Muraton (1166m), à la frontière italienne. Le sentier nous conduira ensuite au Col du Corbeau (1470m), où nous sommes arrivés après une montée bien difficile (il faut dire qu’on commençait à en avoir plein des pattes…). Maintenant, nous passerons sur le versant italien jusqu’aux pentes du Mont Torrage. Sur ce versant, orienté plein sud, pas d’ombre et le soleil cogne à fond. Nous n’avons plus une goutte d’eau car nous avons voulu limiter le poids. Grave erreur ! Impossible d’avancer sans boire. En surplomb du sentier nous trouvons des tuyaux d’alimentation en eau. Ils sont malheureusement coupés et ne servent plus à rien… mais… il reste un peu d’eau dedans, certainement pas très potable mais quand on a soif… Je soulève un tuyau pour le porter à mes lèvres et, c’est de l’eau chaude qui s’écoule… Les tuyaux, en plastique noir de surcroit, sont exposés en plein soleil… Tant pis, il faut boire. C’est absolument infect mais ça hydrate quand même. On vide le reste des tuyaux dans une gourde ou deux et on repart. La montée jusqu’aux pentes du Mont Torrage est terrible et en plein soleil, mais nous finissons par arriver en haut. Le sentier passe maintenant sous les falaises du Mont Torrage. Des chevaux semi-sauvages longent les crêtes et font tomber des pierres jusqu’au sentier où nous passons. Il faut hâter le pas, mais ce n’est pas facile car le chemin est escarpé et nous sommes bien fatigués.

Nous n’arriverons pas ce soir aux casernes et nous “plantons” la tente sur un vague replat qui surplombe le Col de Girenze. La vue sur le vallon de la Bendola est absolument splendide et nous profitons d’un coucher de soleil majestueux sur le massif du Mercantour, à l’ouest. Il nous reste très peu d’eau pour préparer le repas du soir et en plus, comme toujours dans ces cas là, on meurt de soif…

Après une nuit réparatrice, nous continuons le chemin jusqu’à la bergerie où nous récupérons nos affaires pour la descente. Nous laissons ce que nous avions pour la montée (chaussures, tente, sacs à dos,….). Nous remontrons en voiture pour les récupérer quand nous serons sortis du canyon.

Nous ne pourrons pas aller bien loin car la journée est déjà bien avancée. Nous descendons donc seulement juste avant la première descente en rappel. Le bivouac est installé tranquillement.

La nuit, les éclairs illuminent le ciel mais heureusement l’orage semble assez loin, du côté italien.

Descente plus longue que prévue

Le lendemain, nous poussons jusqu’au bivouac de la résurgence. La journée est bien chaude et le temps est orageux. Si nous avons échappé à l’orage la nuit dernière, ça ne sera pas le cas cette nuit. Il pleut une bonne partie de la nuit et le lendemain nous resterons au même bivouac. J’ai en effet gardé le souvenir d’une crue, qui aurait pu être mortelle, quelques années auparavant et je n’ai pas envie que l’on se retrouve dans les cascades alors qu’une crue arrive… Et puis, ça nous fera un peu de repos car la journée d’hier a été plutôt difficile. J’ai d’ailleurs continuellement des crampes parce que je n’ai pas assez bu la veille (évidemment, nous n’avions pas pris assez d’eau pour passer la partie sèche du canyon…). Une journée à attendre c’est long… très long, surtout quand on ne peut presque pas bouger (cascade au dessus, rappel juste après le bivouac) et qu’on n’a pas pris de jeu de cartes…

Le lendemain arrive enfin et nous repartons, bien reposés. Le temps s’est nettement amélioré et nous avançons en profitant du magnifique spectacle d’eau et de lumière (voir les photos). Nous nous arrêterons à la tombée de la nuit au “bivouac des strates”. Il restera un long chemin demain, mais tant pis, nous sommes trop fatigués, et progresser de nuit ne nous avancerait pas beaucoup.

Un accueil étonnant et finalement bien utile

La journée du lendemain est effectivement bien longue et nous arrivons à la voiture, laissée près du pont du Castou, vers 19 heures et accueillis par 2 gendarmes… Je pense immédiatement à l’amende pour circulation interdite, jusqu’à ce que l’un d’eux me demande : “C’est vous Marc ?”. Je lui réponds par l’affirmative, étonné qu’il connaisse mon prénom.

Nous avions prévenu une amie, Hélène, que nous sortirions vendredi ou samedi et qu’on l’appellerait dès notre retour à Saorge. J’avais laissé une journée de marge et j’avais bien fait car nous sommes restés “bloqués” une journée. N’ayant pas de nouvelles vendredi soir, elle a paniqué et contacté la gendarmerie de Tende samedi matin pour expliquer que nous n’avions pas donné de nouvelles. Les gendarmes sont donc montés au départ du canyon où ils ont vu le berger qui leur a confirmé que nous étions bien descendus. Les gendarmes ont eu la bonne idée de récupérer nos affaires (ce qui qui nous a dispensé de devoir remonter). Ils ont ensuite attendu en bas, au pont du Castou, samedi en fin d’après-midi…. Voilà pourquoi il connaissait mon prénom… Nous leur avons expliqué que ce retard était prévu, et lorsque je leur ai dit combien de fois j’avais fait la Bendola, ils ont reconnu que je savais donc bien ce que je faisais. Je ne les ai pas contredits mais, au fond de moi….

Accès au départ du canyon

  • Distance Pont du Castou => anciennes casernes : 18 km
  • Dénivelé : + 2000 m
Marche d’approche en 2004
Profil altimétrique montée à la Bendola 2004
Profil altimétrique

Photos